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Full text of "Nouvelle maniere de fortifier les places, par monsieur Blondel .."

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BÎBLIOTECA NAZ. \l 

Vlîtorlo Emanuela III 



XXXV 




21 



I • 



r 

? .7 



& 2/ 



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nouvelle 

MANIERE 



D E 



FORTIFIER 



LES 



PLACES, 

PAR 

Monsieur Blondel, 

Maréchal de Camp aux Armées du Roy, 
& cy-derant Maître de Mathématique de 
MONSEIGNEUR LE DAUPHIN, 




.A LA HAYE, 

Chez Arnout Leers, Marchas^ 
Libraire, M. D. C. LXXXIV. 



S/ÎVCC PrwiUge< 



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AU ROY. 

I 



J 

le ne fiai fi l'on 
condamnera feint 
hardie (fie que je 
prens dadrejfer à V O S T R E 
M A J E S T E' ce nouvel jîrt de 
Fort ifier les Places , dans tin temps 
oh Elle nepenfi qu 3 à conquérir 5 & 
oh la feule terreur de fon nom fiujfit 
pour mettre fies Places les plus foi - 
blés d couvert des infultes de fis 
Ennemis f Tofe me flater pour - 

* * tant 




V 



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tantqueV OSTRE MAJE- 
STE' ne defaprouvera pas abfo - 
lument mon dejfein j puifquil eft 
vray que l'Art de defendre les Vil- 
les y ri a pas eftè jufqu'ici moins 
utile aux Conquerans , que l’Art 
de les attaquer $ & quon a "PÙ de 
très grands Capitaines oblige ^ , au 
milieu de leurs Qonqueftes de cou- 
rir à la dèfenfe de leurs places > 
a la feurete desquelles ils av oient 
négligé de pourvoir. En effet ri eft- 
ce pas ce qui empêcha Ag fila iis 
de prévenir Alexandre dans la 
Conquefte de ÏAfii l ri eft ce pas, 
dis- je , ’ ce qui lui ravit la gloire 
d’ttre le premvr deftruBcur de, 

* : ' tEm- 



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l'Empire des Per fes , fur lef quels 
il avoit déjà remporte p lufteurs avan m 
t âges y quand les befoins prejfans de 
fa Eatrie , depourveuè de (places 
fortes y t obligèrent de fe retirer , & 
lui bterent y pour ainft dire y laVt - 
Boire des mains ? Et quauroit 
fervi à Alexandre d'avoir porte 
fes armes ViSlorieufes juf qu'aux der- 
nières extrémités de la Terre y fi 
les Lacédémoniens avaient fçu pro- 
fiter de la faute qu il avoit faite 
de leurlaiffer la Macedoine enproye y 
pour n'avoir pas fortifie fes frontiè- 
res a fon départ ? Mais pourquoi 
chercher des authorite ^ étrangères ? 
7} avons nom pas - *veu V* * M; 



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ÈUe mime employer autant de foins 
6? de fatigues à rendre fes Pla- 
ces imprenables 7 quelle en a em- 
ployé depuis J conquérir des (pro- 
vinces entières ? Tefpere donc 3 
SIRE, quelle ne refufera pas dé 
jetter les yeux fur ce petit Ouvra - 
gê ou j'ay tâché déclainir une Scien- 
ce fi necejfaire.a la f cureté des E~ 
tats S? à la Gloire des Conqué- 
rant. Et certainement , après rem- 
ploi glorieux dont il a plu â V O- . 

STRE MAJESTES 

m'honorer y en me choifjfant pour 
enfeigner les Mathématique ï à ' 

MONSEIGNEUR LE 
DAUPHIN , je dois faire 

i are 



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au moins tons mes efforts four de* 
eonvrir de nouveaux fccrets dans 
t Art de défendre les places , ce fi 
d dire dans te fiul jirt de ta Gucr* 
re y dont il aura , peut-etre , un 
jour befoin\ Car fi VOS T RE 
MAJESTE' continue encore 
quelque temps à courir $ comme El* 
le fait , de FiShire en EiSloire 5 
je ne fiai fi Elle lui laiffera rien 
à attaquer & à Conquérir Ce fi 
dans cette veu'è , SIRE, que je 
lui prefinte ce Livre - Heureux t 

s il peut en effet contribuer à lin* 
ftruttion d'un frime, dont U vi« 
Vt ardeur fÿ les nobles inclinai 
fions donnent déjà a la France de 

grans 




gnns «nfigisd’w publique fdicité 
d'm Trime ^ dis- je r qui Va dans 
peu marcher fur les pas de Cbarlema~ 



gne S> de Henri le Grand>ou pour dire 
de lui quelque chofe de plus merveil < 
leux > qui va bien-toft fe mettre en 



état de rejfembler a V O STR E 
MAJESTE' comme le fouhai- 



t s avec toute la France* 



SIRE / 

dt Votre . 



Le tres-humble, fres-obei£ 
iànt.& tres-fidclcfèrviteur 
ôefujet i 

BLONDEL: 

NOU* 



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i 




Pag i. 



NOUVELLE 

MANIERE 

DE 

F O R T I F I E R 

r r f . . • «.* . , 

LES 

P l a c e s. 

Premier Discours. 

Es Perfonnes curieu- Pfc ™ icr 
fcs n’auront pas peut- Dlfcowrs ‘ 
être dcfagrcable que 
je leur déclaré , avant 
que d’entrer dans le 
detail de cet Ouvrage, 
le lu jet qui me l’a fait entreprendre, 
ce qui lui eft arrivé dans la fuitte , <5c 
ce qui Ta empêché jufqu’à prefent de 

A pa- 











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2 Nouvelle Maniéré 

premier paroître en public, quoy qu'il y ait af- 
Difcours. jfe S i on g temps qu’il foit fait 

Je diray donc, qu’étant de retour 
fur la fin de l’année 1668. des Indes 
Occidentales où j’avois été envoyé 
par le Rôÿen qualité de fonCom- 
v mifFaire pour vifiter les Ifles de l’ A- 
merique qui font fous la domination 
de fa Ma jefté , & pourvoir à leur feu- 
rété 5 Jeiùs employé à la dire&ion 
des ouvrages publics qui furent con- 
ftruits à Paris pendant les années 1669 
1670. & les fuivantes, pour l’embelif- 
.fement de la Ville & la commodité 
defeshabitans. 

Cetcmploy me donna occaflon de 
111e trouver ibuvent en compagnie 
d’Ingenieurs & d’autres perfonnes ha- 
biles en cet art. Et comme le Siégé 
de Candie qui étoit alors dans fon pé- 
riode , tant de Villes que le Roy avoit 
prifes dans la Guerre qu’il avoit faite 
peu d’années auparavant en Flandres, 
Ôc le foin qu’il prenoit d’eq faire forti- 
. fier plufieurs 5 leur fournilToicnt fans 

cef- 



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de Fortifier les Places. 3 

célfe une ample de dàfoourir p^mréf 

far f ârtdc fortifier tes fiacres-: Nous Discours, 
en faifiôns nos pins ordinaires con- 
verfâtions. 

Nous étions fur tout -étonnez que 
des places , qui avOiènt aittresfois ac- 
qüistant dé réputation par la longue 
refiftancequeHesavoientfeites,fufient 
tombéesen fipeu dé’tomps fous tes ar- 
ines du Roy. Mais nôiis^en compris 
mes facilement laraifon , COnfiderant 
d’itne part l’abondance déroutés cho*- 
fes dans les armées de fa Majefté-, -la 
quantité de fon artillerie, la vigueur & 
Tcxperience de fes Officiers*, la bra- 
voure & la difeipline de fes Soldats, de 
Taccoiiftumânce qu’ils- ontprife dé 11e 
fe point épargner particuliérement en 
la prcfence delà Majcfté 5 Et de l’att- 
tre l’eftoilnêment des Ennemis , leur 
peu de précaution , & la neceffité ou 
ils fc trou voient après -Une longue 
paix, de tout ce qui éftoit'aiéccffaifb 
poiir la guerre. Ce qui nous fitcon- 
clurc qttc ces places auroient -peur- 

A 2 être 



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4 Nouvelle Manière 

Plénier êtrefouffert de plus grands efforts fl 

Dücoets. e n es avoicnt été fuffifamment munies 
& deflfendues par un plus grand nom- 
bre d’hommes & mieux entendus en 
l’art de fe défendre. 

Pour ce qui étoit de Candie , nous 
jugions fort bien que quelque vigou- 
reufeque pût ccrela refiflance de la 
place par les fecours continuels que 
les Princes Chrétiens y envoyoient, 
il faudroit neanmoins qu’elle fuccom- 
bât à la fin fous l’opiniâtreté des T urcs 
6c fous ces hautes montagnes de terre, 
pour ainfi dire , qu’ils failbient inccf- 
ïament rouler devant eux pour fe 
couvrir. 

C’êtoicnt là le fujet de nos entre- 
tiens , qui fe terminoient le plus fou- 
vent à dire que comme l'on avoit 
apporté du changement à la forti- 
fication autant de fois que l’on a- 
voit inventé quelque nouveauté dans 
les manières d’attaquer j il falloit 
neceflairement s’appliquer à la re- 
cherche de nouvelles defenfes , pour 
• , oppo- 



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de Fortifier les Places. 5' 

oppofer à la violence des efforts que premier 
produifoit la méthode que les Mo- Dii ' coais ‘ 
dernes av oient trouvée pour afiaillir. ‘ 

D’où nous tirions une confequence 
neceffaire , que l’art d’attaquer s* étoit 
fort avancé au dejfus de celui de fe défen- 
dre. 

Nous crûmes donc qu’il feroit bon 
d’examiner les maniérés accoutu- 
mées de nos Fortifications , afin d’en 
bien connoître les avantages & les de- 
fauts, pour tâcher d’augmenter les 
premiers autant qu’il feroit poffible, 

& de corriger les autres. 

Mais ces Meilleurs foûhaiterent que 
je les entretinffe auparavant de ce que 
j’avois remarqué de particulier aux 
diverfes fortifications que j’avois vues 
dans mes voyages aux pays etrangers. 

Pour les fatisfaire je leur dis qu’à la 
referve de quelques places que les Eu- 
ropeans ont conftruites aux Indes 
• Orientales ou Occidentales, &dont 
la fortification ne feroit d’aucune 
confideration parmi nousjil n’y avoit 

A 3 rien 



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6 S Nouvelle Maniéré 

Premier rien dans les trois plus grandes par- 
leurs. t i es du monde l’Afie , l’Afrique &c 
P Amérique qui pût mériter le nom 
de Place fortifiée. 

• Que l’on en pouvoir dire autant 
de celles des Turcs» lefquelsfe con- 
tentoient d*en reparer les breches fans 
y rien ajouter de nouveau ; mettant 
la force de leur défenfe dans le grand 
nombre d’hommes qu’ils tenoient 
toujours en garnifon fur leurs fron- 
tières. Je leur racontay à ce pro- 
pos qu’étant en l’année 1659* Refi- 
rent de fa Majefté auprès du Roy de, 
Danemarck à Coppenhague , J’eus 
ordre de pafier par terre à Conftanti- 
nople pour demander au Grand Seig- 
neur raifon de l’injure qui avoit etc 
faite au Roy par la détention de Mr. 
de la Haye fon Ambafîadeur à la 
Porte ; Et qu’arrivant à Gran,qui eft 
l’ancienne^ Patrie de S. Hie- 
rome, & la première des Places que • 
lés Turcs pofiedent en Hongrie fur 
le Danube», le Gouverneur me fit 
•• • -- v. - - voir 



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de Fortifier les Places. 7 
voir huit milles Janifiaires fous les 
armes ; de là étant aile' à Bude il s’en 
trouva douze milles dans la grande 
place lors que je fus conduit à l’Au- 
diance de Caïmacan. Et paffant de 
Bude en Tranfilvame 011 le Vifir fc 
trouvoit alors à caufe de la guerre du 
Ragotzki, J’en vis encore huit mil- 
les dans le marché de Themefwar 
qui efl un peu au delà du Tybifque. 

C’eftlà toute la force de ces For- 
terefies qui ont tant de réputation 5 
Et je fus furpris devoir que ni Gran, 
k ni Bude 3 ni Belgrade n’avoientpour 
toute Fortification qu’une fimplc 
clôture de murailles avec des Tours 
à l’antique , fans fofie pour la plu- 
part, fans rampart , & làns Contre- 
fearpe. Je fus encore plus étonné 
que la Fortereffe de Themefwar qui 
avoit autrefois foûtenu un fi grand 
Siégé , n’eut qu’une enceinte de ram - 
parts de terre > foutenus de grandes 
clayes fans flancs , & éboulés en plu- 
fieurs endroits. Il eft vray qu’il y a 
A4 pair 



Premier 

Difcours 



*»<■* 



Premier 

Difeours. 



3 Nouvelle Maniéré, 

par tout grand nombre d’ Artillerie , 
mais fans affûts & pofée feulement 
fur des rouleaux. 

Ces deux Châteaux fi célébrés des 
Dardanelles fitués fur les anciennes 
Villes de Seftos ôc Abyàos qui font 
l’entrée du Canal qui joint la Mer 
Egée au Propontide , ne font auffi 
que des maffes de pierre flanquées de 
quelques T ours. 

Celle qui eft en Afie , eft dans la 
plaine de iigure à peu prés quarrée ; & 
l’autre qui eft en Europe eft étendue 
en montant fur le coteau en forme 
triangulaire. Elles font garnies!’ une ôc 
l’autre d’un grand nombre de grosCa- 
nons , qui peuvent tirer à fleur d’eau 
par de grandes Arcades qui leur fer- 
vent d’embrafuresj& dont tout le fer- 
vice ne fefait que fur des roulleauxà 
dêcouvert.Ces M r *.ne purent s’empê- 
cher en cet endroit , de me témbigner 
la joye qu’ils avoient d’être détrom- 
pez de la faufle idée qu’on leur avoit 
donnéede la force de ces Places , par 

■ le 



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deFortitier les Places. 9 

le récit véritable que Je leur en fai- Premier 
fôis. k Difcours, 

Nous pouvons, leur dis-je reprenant 
le difeours , faire le même raifonne- 
ment des Places desMofcovites : Car 
quoique je n’aye pas veu celles des . 
Cafchan ni d’Aftracan, qui font fron- 
tières de la Mer noire & des Tartares 
Kalmuques & de Nagay; Je fçay 
pourtant qu’elles n’ont d’autres Forti- 
fications qu’une (impie muraille avec 
des T ours. Celles du Borifthene que 
j’ay vues font de même; & je ne 
fçaur ois afles m’étonner que les Vil- 
les deKiovia , deMohilou , & Smo- 
lensko ayent pu fouffrir de (i longs 
Sièges , & qu’elles ayent fait périr 
tant de milliers d’hommes par leur 
défenfe. 

Les Polonois mettent aufli toutes 
leprs forces dans leurs armées , iis 
ne fouffrent point de Forterefles 
parmi eux. Ils en ont feulement 
deux qu’ils ehiment imprenables,dont 
la première eh celle de Witepzkien 
A 5 Jütua- 



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ro .Nouvelle Maniéré 

premier Lituanie contre les Ruiïes , & l’au- 
Dîfcours. tre ce n c d e Caminiekz en Podolie 
contre les Turcs; lefquelles néant- 
moins ne feroient pas confiderées 
parmi nous, & ne pourroientpalTer 
tout au plus que pour des places àfe 
bien défendre à coups de main. 

Je ne parle point des Places de 
Truffe » comme de Dantzik , de 
Thorn, d’Elbing , de Heupt , de Ma- 
rienbourg & de Weifelmunde dans 
la Royale ; ni de Konigsberg, du Pi- 
lau & de Memeldans la Ducale; non 
plus que de celles des Suédois en Li- 
vonie comme de Riga, du fort de 
Dunemunde , de Revcl » de Ncrva ; 
parce que toutes ces Places font forti- 
fiées pour la plus part à la Hollan- 
doife,aufli bien que le fort de Notte- 
bourg qui eft fur le Canal , par ou les 
grands Lacs , que l’on appelle Onega 
de Ladoga, fe déchargent de la Mof- 
covie dans la Mer de Finlande. 

' Voici feulement deux chofes affés 
particulières que j’ay remarquées en 

, - ces 



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de Fortifier les Places. ii 

X * . J \ ^ * 

ccs quartiers-là. La première cft une Premier 
maniéré de Fortification extraordi- Difcoürs. 
naire que j’ay vûë dans les Provinces 
de Kexholm & de Savolaxe entre les 
Suédois & les Mofcovites , allés fem- 
blable à celle dont les Saxons s’é- 
toient autrefois fi bien fervis contre 
les troupes de Charlemagne. Elleelt 
faite de grands Arbres plantés debout 
un peu* panchés & entrelalfés l’un 
dans l’autre d’une maniéré fi inge- 
nieufe , qu’ils prefentent mille poin- 
tes par le dehors en forme de hcrif- 
fons ou de chevaux de frize , & font 
par le dedans ime efpece de rampart 
ou de parapet pour la couverture de 
ceux qui fervent à le défendre. Ce 
que j’eftimerois beaucoup pour des 
retranchemens de Camp 5 & pour les 
coups de main 3 fi l’on pouvoit les 
mettre par dehors en état de ne point 
appréhender le feu. 

L’autre ell une nouvelle efpece de 
dehors que M r . le Comte Todt Ma- 
réchal de Suède & Gouvernent de 

A 6 L i- 



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î2 Nouvelle Maniéré 



Premier Livonie avoit fait faire à Riga fur la 
Difcours. Duina , & qu’il me fît voir lorfquc 



j’y paflfay à mon retour de Mofcovie . 1 
Il l’avoit inventée depuis la levée du ’ 
fiége que les Mofcovites avoient mis * 
l’année precedente devant cette pla-' 
ce, ou ils avoient perdu inutilement 
leur temps pour avoir fottement en- 
gagé leur principale attaque entre la 
Ville & la Citadelle a d’où ils étoient 
vus de tous côtés par le revers , & en 
quoy ils avoient montré leur ignoran- 
ce qu’on peut bien en cela nommer 
brutale. 

Adiré le vray cette invention cft 
fort ingenieufe , parce qu’elle peut fé- 
lon le befoin fervir pour la Ville con- 
tre la Citadelle au cas que celle-ci fût 
prife la première, ou pour la Cita- 
delle contre la Ville fi les Ennemis 
s’en étoient rendus les Maîtres. 

En fuitte continuant mon difeours, * 
j'appris à ces Meilleurs qu’il n’y avoit 
rien de confiderabie pour la Fortifica- ’ 
t ion, ni enSUcde ui en Danemarck 5 -- 



Mais 



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r 






de Fortifier les Places. 15 

Mais que dans la Marche de Brande- Premier 
bourg l’on pouvoit faire beaucoup de Dlf * coarï » 
cas de la place de Kuftrin , plus à la 
vérité pour les avantages de fa fitua- * 
tion que pour autre chofe. Puis fans 
m’arrêter aux places de la Poméra- 
nie , qui étoient affés bien fortifiées à 
nos maniérés.} non plus qu’à celle de 
Berlin que fon Alteffe Electorale de 
Brandebourg avoit fait enveloper d’n- 
nc Fortification à la Hollandoife dans 
le temps que j’eftois Refident pour le 
Roy auprès de lui ; Je leur dis que les 
Places de Hambourg , de Lubec &. de 
Brême êtoient fort bien fortifiées fé- 
lon nos maniérés, & que celle de Har- 
bourg fur l’Elbe né leur cedoit en rien 
quoi que fa Fortification revetuë a- * 
prochâtaffés de celle de M r . de Pa- 
gan. J’ajoutay que j’approuvois fort 
la nouvelle Enceinte que FEmpcreur 
avoit fait conftruire autour de Ko- 
morrefurles frontières de Hongrie, 

& à ce que Fon avoit changé depuis 
peu à] avaria 5c à Vienne, 

Après 



\ 



14- Nouvelle Maniéré 

Premier Apres quoy paflant aux Places.. 

P^fçours. d’Italie, dans le detail defqucllcs je ne 
voulus point entrer 5 Je m’arrêtay 
feulement à celles qui ont le plus de 
réputation, commençant par laFor- 
trefle de Palmanova qui eft dans le 
Frioul des V enitiens. Elle a neufba- 
ftions très réguliers revêtus jufqu’au 
res de la Campagne avec deux beaux 
Cavalliers dans chacun des Angles du 
flanc ; le tout bâty , comme je crois, 
fur les defleins de l’Ingenieur Lorini. 
Elle pourroit fans doute rendre une 
fort bonne dêfenfe , fi elle avoit des 
folles aiïes creufés , des Dehors & des 
Contrefcarpcs 5 fi fes flancs êtoient 
plus grands $ fi la ligne de défenfe 
n’êtoit pas fi longuo, & fi la mafle de 
* fes battions de terre n’êtoit pas fi êlc- . 
vêe & avec un fi énorme talu. Le Fort : 
Urbain dans le Bolognefe eft mieux en- 
tendu pour ce qu’il contient. La 
Place de Corfou qui eft aux Véni- 
tiens, & celle de Portoferraïo > que 
f on appelle autrement Cojimêùoli y ôc 

qui* 




de Fortifier les Places, i* 

qui eft à M r . le Grand Duc de Floren- Premier • 
ce dans rifle d’Elbe , font tres-fortes Difcours r 
par leur aflletc , & par ce qu’on y voit 
tout ce qui a pu y être ajouté par l’art : 

Ce font en un mot les deux plus belles 
Ecoles que j’aye veuéspour la Forti- 
fication irreguliere. 

L’Ifle de Malte pourroit auflipaf- 
fer pour telle, àcaufcde la quantité 
incroyable de fes Fortifications, quoy 
qu’elles ne foient pas fans des défauts 
tres-confiderables. Ceux de la Vieil- 
le Fortification , ceux de la Florianc 
& ceux mêmes des Ouvrages qui y 
ont été ajoutés par le Cardinal Fio- 
renzola , ont été fort bien remarqués 
par plufieurs. Mais je ne voi pas que 
l’on ait encore afles bien examiné 
ceux de la nouvelle Enceinte de Val- 
pergue , quoy qu’ils foient très grands 
& en très grand nombre. A l’occa- 
fion de quoy je ne puis m’empêcher 
de dire qu'il y a raifon de s’étonner 
que cet homme ait pu avec fi peu de 
fondement de capacité , s’acquérir 
^ , tant 



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Di 



i6 Nouvelle Maniéré 

Premier tant de réputation & de creance , que 
pifcotirs. p on ait bien voulu lui confier fi aveu- 
glement un Ouvrage de cette nature 
& de cette importance. 

Au fujet de la grandeur des Ouvra- 
ges , Je n’aurois pas cy - devant man- 
qué de faire mention de l’entreprife 
des Magiftrats de Dantzik qui ont en- 
fermé dans leur* Fortification une 
montagne de très grand circuit qui 
commandoit à leur Ville $ j’aurois 
conté les battions de Hambourg , de 
Brême , de Berlin, & ceux que l'on a 
conftruits il y a quelques années pour 
la nouvelle enceinte de la Ville 
d’Amftcrdam ; fi je ne m’êtois pro- 
pofé de parler plutôt de ce qu’il y a de 
particulier dans la forme de la Forti- 
fication, que de la grandeur des 
travaux ou de leur étendue. 

C’eft pour cette raifon , que pour 
parler de la Ville de Genes* qui a 
été fortifiée de nôtre temps fur les 
delfeins du Cardinal Fiorenzola, je- 
ne m’arrêterai pas à exagerer l’éten- 
due 



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de Fortifier les Places. 17 
due immenfe & la variété des Ou- Prcmicr 
vrages qu’il a faits fur le fommet Difcours. 
des montagnes' qui environnent la 
Ville pour les renfermer dans une 
Enceinte $ je me contenteray feu- 
lement de dire qu’encore que cette 
Fortification foit de bonne maçon- 
nerie & d’une épaiffeur confidera- 
ble , Elle efl neanmoins fans foffé, 
fans contr’efcarpc & même fans ram- 
part en plufieurs endroits * Et que 
nonobflant le foin que l’Ingenieur à 
pris de ménager des flancs à toutes les 
faces , il y a pourtant des lieux , qui 
par l’irrégularité de la fituation & par * 
la difpofition incommode du terrain 
haut & bas , n’en font point vus , il 
y en a d’autres ou les flancs font trop 
petits , & d’autres ou la ligne de dé- 
fenfe efl: trop longue 5 de forte que 
s’approchant au long du penchant de 
la montagne 5 où il efl fort facile de 
fe couvrir , l’on peut en peu de jours 
venir au pied de la muraille, & s’at- 
tacher li l’on veut aux endroits qui 



is Nouvelle Maniéré r . 

Premier ne font défendus que par des angles 
Di/cours, rentrans , au fonds defquels on ne 
peut point être vu du dedans ; ainfi 
je ne vois rien qui puiffe empecher 
Paflaillant de faire en peu de temps 
fauter la muraille & s’y loger. 

Je dis en fuite à ces Meilleurs qu’à 
la referve du Port Mahon qui cft dans 
l’Ifle de M inorque, il n’y avoir rien de 
confiderable en Efpagne que Rozes 
&Fontarabie,qui ne font pourtant que. 
des places fort médiocres : à moins 
que l’on ne voulût parler de celles, 
que les Efpagnols ont fait conftruirc 
de nouveau dans les Pyrénées , ou de 
la Citadelle de Palamos au cas qu’ils 
Peuflcnt achevée fur le deifein fur le- 
quel je l’avois fait commencer lors 
que j’en avois le gouvernement. 

Quant à ces Places qui ont eu ci- 
devant tant de réputation dans l’Eu- 
rope , comme font la Citadelle d’An- 
vers, celle de Cambray , de Turin, 
le Chateau de Milan & autres de cet- 
te nature 5 je me contentay de leur 

ra- 



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de Fortifier les Places, 

raconter ce que j’oüis dire à Mr. le Premier 
Maréchal de la Mcilleraïc fur le fu jet Discours, 
de la Citadelle de Perpignan après 
que nous l’eûmes prife en prefcnce du 
feu Roy en l’année 1642. ; qu’il êtoit 
marri de ne l’avoir pas bien conuë, 
parce que nonobflant la haute eftime 
ou elle êtoit dans le monde , elle 
n’auroitpasfouffcrt, à ce qu’il afiïï- 
roit , plus de trois femaines de tran- 
chée ouverte s’il l’avoit attaquée par 
force. 

• Je voulois me taire lors qu’un de 
ces Meilleurs me dit en riant, qu’il; 
falloit que je fufle mal fatisfait des 
Hôtelleries d’Hollande, puifque je; 
palfois ainli fous filence ce qu’il y a- 
voit en ce païs-là de plus beau fur cet- 
te matière. Je vous entends, lui dis- 
je , & fi je ne me trompe , vous vou- 
lés parler de la F or ter elfe de Couor- 
den , qui ell en effet le plus beau bi- 
jou que l’on puilfc voir , ou plutôt un 
chef d’œuvre de la Fortification regun 
liere à la Hollandoife. Elle à fept ban 

liions 



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20 Nouvelle Maniéré 

Premier fiions de terre environnés d’une affés 

Difconrs. belle faufiebraye , avec des demi-lu- 
nes au devant des Courtines & à la 
pointe des baftions. Elle pourroit 
fans doute faire une défenfe confide- 
rable fi elle étoit attaquée dans les 
formes & dans les faifons ordinaires : 
Mais fi elle avoit ce malheur de l’être 
dans un temps pareil à celuy qu’il fai- 
foit lors que je l’ay veuë la derniere 
fois , elle perdroit beaucoup de l’a- 
vantage de fa fituation & courroit rif- 
que de ne pas bien confcrvcr la répu- 
tation où on l’a mife ; Car il faifoit a- 
lors une fi grande fecherefie qui du- 
roit depuis long temps , que l’on pou- 
voit s’en approcher de toutes parts 
parles Marais, Ce qui me fit dimi- 
nuer beaucoup de l’eftime que j’en 
avois conceüc avant que de la voir $ 
Outre que j 'ai une averfion naturelle 
pour les Places de terre , pour les 
flancs obliques, pour la petitefie des 
chemins -couverts , pour les pallifla- 
des plantées fur la crefic de la Contrc- 

fear- 



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de Fortifier les Places. - 2i 

fcarpe, & pour diverfes autres cho- 

fes qui le trouvent dans cette Fortifia Di&ours» 

cation. 

Je voulois entrer dans un plus 
grand detail des ouvrages de cette 
Place, lors que ces Meilleurs m’ar- 
reterent > & me dirent que cela de- 
voit.être difeuté dans l’examen que 
nous voulions faire des maniérés par- 
ticulières qui ont été ou décrites ou 
pratiquées par les Ingénieurs qui nous 
ont précédé. En effet, nous nous y 
appliquâmes avec affés de foin dans 
la fuitte de nos conférences 5 nous ta- 
châmes de découvrir ce qu’il y avoit 
de bon ou de mauvais dans les Ou- 
vrages 6c dans les difeours qui ont 
été faits fur cette matière j Et nous 
rapportâmes fur chaque fujet ce que 
. chacun de nous avoit remarqué de 
fingulier dans les Occafions 6c dans 
les Sièges ou nous nous étions trou- 
vez, examinant 6c recherchant la 
. caufe véritable des évenemens extra- 
.. ordinaires que nous y avions vû arri- 
ver. ' ' \ Il 



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&2 Nouvelle Maniéré 

Premier II ne faut pas s’attendre que je rap- 

•Difcoius. p or tc en cet endroit les particularités 
de ces entrctiensjll pourroient fournir 
une fufiifante matière pour un ouvra- 
' ge confiderable s’ils étoient raflem- 
- blés & mis en ordre par quelque main 
‘habile. Jenç feray feulement que 
pafler legerement par dcfïus, tant à 
caufeque je ne veux rien dire ici qui 
n’ait rapport au fu jet de ma Nouvelle 
Fortification , que parce que j’en par- 
le affés amplement dans un Traité de 
l’Art de Fortifier , d’attaquer & de 
défendre les Places , que j’ay compo- 
fé & enfeigné à Monfeigneur le Dau- 
phin , & à leurs A. A. S. S. Mefleig- 
neurs les Princes de Conti & de la . 
Roche-fur-yon , & que ce traité ver- 
ra. Dieu aidant, le jour en fon temps, 
aveclereftedu Cours de Mathéma- 
tique que j’ay fait pour le même fu jet, 
& dont le Roy m’a commandé de fai- 
re part au Public. 

L’on ne verra donc ici que quel- 
ques unes des plus confiderables maxi- 
mes 



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de Fortifier les Places. 

nies de pratique de la Fortification , Premier 
fur lefquelles nous nous fouîmes trou- Di ^ours. 
vés tous d’un même fentiment. Pre- 
mièrement comme il a toû jours pafie 
pour confiant parmi les Ingénieurs, 

. que le meilleur des' Angles flanquans, 
que l’on appelle autrement Angle de 
la Tenaille , eft l’angle droit , & que 
tous les autres n’ont de bonté qu’au- 
tant qu’ils S’approchent de plus prés 
de cette ouverture : Nous jugeafmes 
que l’on ne devoit jamais faire de ba- 
ftions obtus fans y être forcé , ni mê- 
me de droits, hormis ceux qui font 
fur la Ligne droite ; parce qu’ils ou- 
vrent trop l’angle flanquant qu’ils 
rendent la défenfe trop oblique, qu’ils 
la diminuent , & qu’ils en alongent 
la ligne ; Eftimant pour cette raifon 
que la maniéré Hollandoife eft préfé- 
rable en ce point à l’Italiene & même 
à celle de M r . de Pagan $ parce que 
faifantles angles de fes baftions aigus, 
en forte neanmoins que la pointe n’en 
puifle point être facilement émoufiec 

à coups 



Premier 

4 Djufc«ms 



24 Nouvelle Maniéré 
à coups de Canon, elle tire mille a- 
f vantages pour la grandeur du feu de 
fa défenfe , que les autres perdent in- 
utilement. 

Ce qu’on dit en faveur des battions 
à angles droits pu obtus, qu’ils refî- 
ttent mieux par leur malle à la fureur 
des batteries & qu ils ont plus dé ca- 
pacité que les autres , n’eft point vé- 
ritable en tout fens : Car ilfuffit que 
la furface du baftion battu ait afles de 
largeur de rampart pour relitter , fans 
qu’il foit befoin que lepaifteur entière 
du baftion y foit employée. Pour ce 
qui eft de la capacité , il ne faut que fc 
donner la peine de faire un petit cal- 
cul pour trouver que de deux trian- 
gles ifoceles, dont l’un eft redangle 
8c l’autre feulement de 60 . degrés , 8c 
qui forment deux difFerens battions 
ayans les longueurs de leurs faces é- 
gales, la capacité du premier n’ex- 
cede l’autre que d’une fixiéme partie $ 
ce qui devient même infenfibîcmcnt 
à rien , lors que l’angle eft ouvert 
jufqu a 70. ou 7 y. degrés. Nous 



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deFortifier les Places. 25 

Nous avons en fuitte approuvé les Premier 
Places bien revetuës , & condamné Dircours - 
les Ouvrages qui ne font que de terre, 
parce qu’ils font de difficile entretien; 
qu’il y a mille occafions où ils peu- 
vent dire infultés - r que l’on n’y peut 
point faire de Places balles ; & que 
les flancs en font li facilement rendus 
inutiles & rompus , que l’on en a ti- 
ré ce difeours , qui pâlie 4 prefent en 
proverbe, que le corps delà Place ne 
fert en ces fortenfes , qu a faire avoir (a 
compofition meilleure , aujji-têt quelle 
eft dépouillée de f es Dehors . 

Nous avons au contraire beaucoup 
cftimé lesOrillons & les Places hautes 
& baffes dans les flancs ; méprifant les 
raifons de ceux qui difent que le fer- 
vice des hautes einpefche celui des 
balles, & que celles-ci deviennent d’a- 
bord inutiles par la chute des ruines 
du parapet de celles de deffus. Dautant 
qu’il y a mille moiens d’empêcher que. 
ces Places, ne fe nuilent l’une à Pau* 
tre dans leur fer vice, que l’on n cft pas 
• > B ton- 



z 6 Nouvelle Manière 

Premier' toujours oblige de faire tout à la fois; 

Uiicouii. pa rC ç que. l’on peut recevoir dour 

cément les ruines ou dans un petit fofr 
fé , ou fur un toit de longue paume 
oppofe au mur de la place haute , de 
les empêcher par çe moyen de nuire 
à ceux -qui font le fervicc du Canon 
dans les Places baffes. . • i . , r „ 

• Les faufles brayes nous ont paru 
fort bonnes , non feulement au droit 
des flancs , mais même au long des fa- 
ces des bâfrions;; pourvoi qu'elles 
ayent; une afles bonne largeur de che- 
min ou de plattc forme pour pouvoir 
y faire fervir des petites pièces ; Que 
le haut du Parapet foit à fleur du Co- 
ridor de la Contr’efcarpc , & que l'on 
pourvoye à la fureté du dedans des fa- 
ces par quelque grand corps ou mai- 
ilf de maçonnerie à la pointe , ou aiv 
moins par des traverfes polees à pro- 
pos , qui puiflcnt empêcher qu’elles 
ne foientenfiiées du haut de l’angle 
faillant de la Contr’efcarpe. 

Nous avons fait le même jugement 

de 



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deFortifier les Places. 27 

de ces Ouvrages que l’on conftruit Premier 
vis-à-vis des Courtines , lors que les Dllcoui;s * 
Places ont beaucoup de fécond flanc, 
que les Italiens qui en ont parlé les 
premiers appellent Barbacanones ; 
principalement s’ils font faits avec 
des avances dont les côtés foient per- 
pendiculaires à la ligne de défenfc $ 

Parce que ce font comme des flancs 
bas qui peuvent razer <5c voir de plus 
prés les travaux des Ennemis lors 
qu’ils veulent traverfer le folié 5 Et 
parce que l’on peut dans les foiTés fccs 
s’aflcmblcr derrière ces Ouvrages 
fans être vû , quand on veut faire de 
grandes for tics ; Et qu’aux folies 
pleins d’eau l’on y peut tenir en fcurc- 
té les bateaux tk. les pontons de pafld- 
gc à couvert. 

Au relie nous avons fans balancer 
préféré le folle fcc au folié plein d’eau 
pour les Places conlidcfables & qui 
ont un bon corps de Fortification 
principale 5 parce que e’efi: en cet 
endroit oii l’on peut faire la plus 

B a grau- . 



2 % Nouvelle Maniéré 

Premier grande refiftance ; où l’aflailli eft le 

i;i (cours, plus à couvert, &où l’Aflaillant ne 
peut entrer qu’à la file: Mais il faut 
pour cet effet que le foffé foit de bon- 
ne largeur ôc profondeur , & qu’il 
f'oit vu de tout le flanc. N ous avons 

à ce propos blâmé l’ufagc qui eft fi 
frequent aux Places Fortifiées à la 
Hollandoife qui ont beaucoup de 
flanc en courtine & où les Contr’e- 
fearpes étant parallèles aux faces des 
baftions , leur angle rentrant s’avance 
de telle forte vers le milieu de la cour- 
tine, qu’il ote abfolument au flanc la 
vue du foffé qu’il doit défendre au 
long de la face du baftion oppofé. 

Nous avons au contraire lotie la 
pratique de ceux qui pour ne point 
tomber dans cet inconvénient , ai- 
ment mieux diminuer la largeur du 
folle vers l’angle flanqué. Nous n’a- 
vons pas eu beaucoup d’eftime pour 
la propofitiôn que l’on faifoit alors 
de bâtir un gros corps de maçonnerie 
maftive en continuant la ligne capi- 
. talc 



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de Fortifier les Places. 29 

taie au travers du folle pour confcr- 
vcr les batteries des flancs, empê- 
chant qu'elles ne foient vues du Ca- 
non que les Ennemis auroient mis 
fur la Contr’efcarpe qui les regarde ; 
tant parce que ce travail joignant la 
pointe du baftion à la Contr’cfcarpe 
n’a point de defenfe, ôz peut être fa- 
cilement pris par les Ennemis , que 
parce qu'il interrompt la Communi- 
cation des parties du folle , dont 01 
peut neanmoins tirer de grands avan- 
. tagcsparlesfortics. 

L’ufage des Cunettcs nous afem- 
blê merveilleux, pourveu qu’elles 
foient de grande largeur & profon- 
deur 5 qu’elles ne foient pas li pro- 
ches de la Contr’cfcarpe , que les En- 
nemis la puiflent remplir du trou de 
leur fappe 5 & qu’elles laiflent derriè- 
re elles ailes de terrain pour y prati- 
quer les retranchemens, les traverfes, 
& les autres travaux qne l'on fait or- 
dinairement & qui font fi utiles pour 
la de'fenfe du folle. 

B 3 C’cfl 



Premier 

Diicoiirs. 



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*$ô Nouvelle Maniéré 

Premier C’eft pour cette raifon qu’aux fof- 
Djkours. fes pleins d’eau, nous voudrions que 
l’on laiflat au pied de l’cfcarpc de la 
faufle-braye une berme de fuffifantc 
largeur pour y pouvoir pratiquer ces 
logemens de défendre de plus prés le 
pailage du foffé. 

Quant aux Contr’efearpes que l’on 
eft obligé de revêtir, on jugea qu’il 
ne feroit pas hors de propos qu’il y 
eût un petit coridor voûté & pratique 
dansl’épaiffeur du mur avec des ca- 
noniercs que l’on . ouvrir oit en temps 
de liège du côté du folle , dans l’éten- 
due feulement qui eft comprife entre 
les deux faces des battions prolon- 
gées , afin de voir par derrière les ou- 
vrages que les Ennemis feroienr pour 
traverfer le foffé ; Qui d’ailleurs ne 
s’en pouruoient pas iervir quand ils 
s’en feroient rendus les Maîtres , par- 
ce qu’ils y pourroient être foudroyés 
par le Canon des flancs. 

Ces Mcflieurs approuvèrent beau- 
coup l’ufage que j avois le premier in- 

tro- 



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de Fortifier les Places. 31 

troduit depuis peu dans la Portifka- Premier' 
tion de nos places , de donner* fept à B^ours. 
huit toifes de fargeur au chemin con- 
vertie la Contr’efearpe , au lieu de 
quatre ou cinq toifes feulement que 
l’on lui donnoit auparavant} parce 
que toutes les fois que nous avions 
infultéces Contr’efcarpes 7 pavois re- 
marqué que les Ennemis n’avoient 
jamais pâ nous relifter , à caille qu’ils 
n’avoient point allés de place pour fc 
mettre en bataille & s’y défendre. j : 

La facilité que nous avons trouvée 
en plufieurs Sicges , de. rompre telle 
' quantité que nous voulions des palif* 
fades que les Ennemis a voient fur la 
crête du parapet de leur Contr’efcar- 
•pc, & d’en garder ce que nous vou- 
lions pour nous enfervir à appuyer 
notre logement, nous a fait condam- 
ner abfolument cette pratique $ Et ces 
M rs . ont approuvé celle que i’avois 
aufïi introduite nouvellement de met- 
tre les pallilfades en dedans du chemin 
couvert êlognées de cinq à fix pieds 
de fou parapet. B 4 Nous 



32 Nouvelle Maniéré . 

Premier : Nous avons crû que les fofles des 
DiTcours. Dehors dévoient être alliés larges 6c 
ailes profonds, 6c qu’ils dévoient aufii 
être ouverts dans le grand folle , 6c 
bien vû.ducprps de la Place s’il fe pou- 
voir, ou au moins par d’autres Dehors 
tellement couverts 6c foütenus du feu 
de la Place qu’ils ne pulïent point être 
attaqués avant lest Dehors, dont ils dér 
fendent le folle. Nous avons fort 
blâmé les grands Ouvrages à corne 6c 
à couronne , à moins que leurs cô- 
tés ne fpient tclleinent-foutenus d’au- 
tres travaux, que l’on ne puilfe pas 
couler au long de leurs grandes faces , 
comme on fait, ordinairement pour 
les venir attaquer par la gorge. 

Nous êtionsdans le fort de ces rai- 

- k 

•fonnemens , fors» que l’on récent à 
.Paris la nouvelle de la mort de Mon- 
.fieur deBeaufort 6c de la reddition de 
Candie, ce qui donna lieu à une pe- 
. tite difgrelfion qui ne fut pas defagrc- 
able à la Compagnie. On fe loüoit 
en même temps de la bonnne foy du 
1 ;i Grand 



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deFortifierlesPlaces. 33 

Vifir , du bon traittement qu’il avoit Prcrnicr 
fait à ceux de la Place & de fa civilité DiÆours. 
à l’égard de quelques Officiers Fran- 
çois qui y étoient demeurés depuis le 
départ de l’armée navalle : Et comme 
il y avoit des gens qui attribuoient 
toutes ces honêtetés à l’inclination 
qui pouvoit lui être reliée pour ceux 
qui ctoient du pais où fes Ancellrcs 
avoient pris nailfance , fuivant le 
bruit qui avoit couru que fon Pc- 
re êtoit un Renégat François ; Je 
ne pus m’empêcher de m’offrir à 
nos Mcffieurs de les defabufer de 
cette erreur populaire. Sur les in- 
ftances qu’ils 111’en firent , je leur 
dis que le Pere du Grand Vifir qui 
avoit pris Candie, avoit nom Mc- 
hemet Bacha ; qu’il avoit auffi pof- 
fedé hi même charge de grand Vi- 
lïr avant l'on fils ; que c’êtoit le mê- 
me qui avoit eu le démêlé dont j’ay 
parlé ci-devant avec M r . de la Haye 
Ambaffadcur du Roy au fujet de cer- 
taines Lettres en chiffre qui avoient 

b 5 etc 



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34 Nouvelle Maniéré 

Premier été interceptées , & qui lui avaient 
Dikouis. cr oire que L’Amhafladeur êtoit 
for ti des bornes defon devoir par la 
correfpondancc trop partiale qu’il 
avoit entretenue avec les Ennemis 
du Grand Seigneur ; & Que cet hom- 
me êtoit Arnaute de nation c’efi: à di- 
re d’un païs que l’on appelle l’Alba- 
nie de la Colchide au pied du Mont 
Caucafe. . 

11 êtoit au relie fort fanguinairc <5c 
facile à fe mettre en fureur , il avoit 
quelque chofe de terrible dans le vi - 
£age, fe s yeux êtoient fi êtincelans 
qu’ils lui avoient aquis le furnom 
d Atefcb parmi eux , c’eft à dire tout 
de feu ; il avoir les deux dents de de- 
vant de la mâchoire de defliis, d’une fi 
pr odigieufe longeur, qu’elles fortoient 
de fa bouche,& defeendoient ailes bas 
au deflbus de fa levre inferieure. 

j’ajoutai que nonobllant tous les. 
emporte mens, la haine horrible qu’iL 
avoit conceue contre l’Ambalfa- 
deur , &: les mauvais offices que les. 

Mini- 



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D E FCfcRTIJfrfeR les FlAèe s. 55 

Minières de l'Empereur' nous ren- 
doient incefiamcnt auprès dé lui par 
la voÿe de fon Interprété appelle Va- 
najoti y qui êtoit aufli à leurs gages ; je 
ne laiflai pas d’être fort bienreceu de 
lui * d’être régale de prefents dé Vc- 
ft-cs tant pour moi que pour ceux de 
ma fuitte , ôc d'être puiftament foli- 
cité de fa part dé demeurer auprès du 
Grand Sei^neüé pour y refideFà la 
place de rAmbafladeur. 

Pour revenir à notre fujèt il faut, 
dis- je à ces Meilleurs , que je vous re- 
cale d’un petitfait d’hiftoire qui nous 
y ramènera neeeflairement , parce 
àu’il y a beaucoup de relation, auiïr 
bien qu’à, ce qui s’eftpaifé au Siégé 
de (Candie. Ce fut un bon Vieillard 
Turc d’Alexandrie qui l’a voit appris’ 
de fon Pére,& qui m’en fit le récit lors 
qu'étant en Levant il y a plufienrs an- 
nées, j’allois voir les Pyramides d’E- 
gypte. îl me raconta 5 Que lors que 
lé Grand Solyman fut arrivé devant 
Rhodes pour l’alïtegèr , il fit appcllcr 

B 6 fes 



Premier 

Difconrs. 



|6 . .1 N oiiïvïxie 'Maniéré * c f 1 

Premier les principaux .Officiers pour fçavoir 

Difcoms. lem- fentiment fur les maniérés de 
rartaque,& ce que chacun d’eux vou- 

* droit faire pour venir b-icn-tôt à bout 

de cette entreprifç.. La proportion 
avoit de 11 grandes difficultés pat elle 
même , que le ùrand Seigneur ne rc- 
ceut point de fatisfadion des raifpnne- 
mens qu’ils lui firent : Et comme il ê- 
toit couche' y à la maniéré des T urcs, 
fur des carreaux au fonds de fon Sofia, 
& que les autres êtpient debout au 
delà du marchepied , il leur dit allés 
brufquement : Vene\ ça , dit-il» vous 
quiriavés point tion né le fecret de i ons 
approcher de la Ville de Rhodes y aur\és 
vous au moins celui de vous approche r de 
moi [ans mettre le pied fur le tapis de 
mot: Ejlrade : Et n’attendant pas, qu’ils 
lu, fient fonisqc l’embaras ou la nom-, 
t carné de cette quefiion les avoit mis, 
il fit fgneà deux Efclaves, qui liii- 
vant l’ordre qu’ils av oient en aupara- 
vant de lui , prirent le tapis par les 
bords, <1 le rouicrent devant eux au 



DEFORTIÉfERJLES PLACES. \7 

long de l’Eitradc jufqu’aux pieds du Premier 
Grand Seigneur ; qui dit alors à Tes Difeom* 
Capitaines en voix de Maître ; Voila , 
ce dit-il fefecret de votu approcher de moi 
fans marcher fur le tapis fèrve^vous en 
four vous approcher de la Ville de Rhodes-, 
faites rouler devant vous toute^la terre 
qui vous fepare , & retwerf es tout ce que, 
vous trouvères en chemin qui vous ar* 
rite. . . ' : • i • 

C’cft auffi ce que les Turcs ont 
pratique' au Siège de Candie, dont le 
terrain a etc bouLcverfé millcfois par 
les approches; contr’approches,traa - 
chec$,rctranchcmens , coupures , tra- 
y cries , ba tr cr i e s, & redoutes ; par les 
happes j mines * , contrcmincs , four-» 
néaux, fougades, bombes , pétards, &; 
enfin par.toiitCs les manières imagina- 
bles de remuer la terre par la force 
dl-unc. infinité de bras & de feux. ]’ap- 
prensmême que lit terre qu’i|s:.onc 
trouvée dans les Dehors qu’ ils ont pris, 
leur a e'pargnd la peine & le temps' 
d’en apporter de bien loin, & qu’ils en 

B 7 ont 



jooylc 



3 g .> N o il veule: Man ie4ï t ^ 
Tl fmk t obt tâté dettes grands avantagés pour 
fXicours. leurs approches. > 7 ' * 

t • il faiidroii: donc- à cc conte r dit a> 
lois , un de la Compagnie , que ; i’ on 
otât tquteîa terre d^cnvironsdWç 
place ; f fi l’on Môuiok qu’elkrpût refii 
fter.à^cctte furie ufe. roanierc'd’atta- 
quer des Infidèles. }e nefdai\ pas , Iqi 
dis- l_e, fi cda fufiièoit pour, les arrê- 
ter absolument, mais au moins je 
fuis afîuro qud cela les oMigeroirt à 
apporter de bien Loin dequoife cou- 
vrir. Et comme Les Logemens qui 
s’élèvent: au deflusdu rés de chanfiee 
font bien plus expofés 5c plus faciles 
à être rompus par le canon dudedans^ 
que ceux qui font- creufés au defibus £ 
Je ne doute pds que cela ne leur fit 
perdre beaucoup plus d’hommes Ôc 
de temps , & qu’ils ne ttouvafTent be- 
aucoup plus dobibudes decettcPnia-> 
niere qiie dcl’autirc. vj 'i 

t C'eft pour cette raifon que je ne 
fcaurois blâmer le fentiment de ceux 
qui veulent que l’on enlevé tout le 1 
y - ter- 



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de Fortifier les Places. 39 
terrain des environs de la Fortcrelfe à 
la portée du moufquet jufqu’à l’eau 
ou jufque fur le roc,s’il eft poffiblejou 
qu’on l’ôtc au moins à la hauteur de 
trois ou quatre pieds, remplififant le 
vuide de pierres & de cailloux recou- 
verts feulement d’un pied de terre. Je 
mettrois volontiers ceConfeil en ufa- 
ge au tour des Places que j’auroisà 
fortifier , à la portée du moufquet fi je 
pou vois , ou au moins dans toute l'é- 
tendue de mon efplanade,& de la par- 
tie du folTe qui elt entre la Cunetc & 
la Contr’cfcarpe à l’endroit des faces 
des baftions. Et fi je n’avois pas la co- 
modité de le faire à temps , je ferois à 
tout le moins , fur la nouvelle des ap- 
proches des Ennemis, ficher des pieux- 
dans ces endroits le plus prés l’un de 
l’autre & le plus avant que je pour- 
rois , dont je recouvrirais les têtes 
avec un peu de terrç. 

Il ferait bon aux places voifines des 
fo refis que le corps de l’efplanade Sc 
le fonds du fo fie fulTcnt faits ou.rem- 

plis 



Premier 

Difcours. 



40 Nouvelle Maniéré 

Premier plis d’arbres couchés & entrelafles a- 

Diicourjç. vec leurs branches 6c recouverts de 
terre & de cailloux par deffus.il ne fe- 
roit pas moins avantageux que le fof- 
lé 6c la Gontr’elcarpc lufient pleins de 
Çaponieres ôc de Logemens cachés 5 
Que tout fut contreminc dans les ram - 
parts de la Place, dans la faufl'e-braye, 
dans le folle , dans les Dehors ôc dans 
la Contr’cfcarpe 5 Que les Contremi- 
ncs fuliéntdc differentes profondeurs 
& à différais étages $ 6c Qu’il y eut des 
rameaux de mine allés avant fous terre 
qui s’étend ilTent bien loin dans laCair- 
p,\gue, pour repondre à des endroi s 
conus , afin d’en pouvoir tirer de la 
d’autres au befoin fous les principaux 
ouvrages de l’attaque des Ennemis. 

Aux Places qui fout fur le roc vif, 
j’aimerois beaucoup mieux efearper 
en précipice , les inégalités qui fe ren- 
c entrent aux avenues, que de m’amn- 
ler à y conftruirc des travaux pour les 
fortifier ; parce qu’ils peuvent fervir 
de degrés ou de marches pour les ap- 

pro- 



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de Fortifier les Places. 41 

proches des Ennemis quand ils s’en premier 
font rendus les maîtres. Je ne vou- Difcouis. 
drois point qu’il y eût plus de terre 
dans les Dehors qu’ autant qu’il en 
faut pour une épaiiïeur raifonnable 
de rampart. 11 y a même certains De- 
hors j 6c particulièrement ceux qui 
font peu vcûs de la Campagne, que je 
ne voudrois Elire que de maçonnerie 
bien folide de trois ou quatre toifes 
au plus d’e'pailTeur , avec un parapet 
de lix pieds feulement de large de mê- 
me matière. . .. - . 

\ 

Tous ces Meilleurs qui s’étoient 
accorde's jufque-là, à tout ce que j’a- 
voisdit, s’e'crierent lors que je parlai 
de parapets de pierre de maçonnerie $ 
mais ils en tombèrent d’accord, apres 
.que je me fus mieux fait entendre. 
L’ufage des parapets, leur dis- je, n’eft 
que pour tenir à couvert les Soldats 
.qui font pour de'fendre la Place.On les 
. fait ordinairement de terre douce , & 

, de l’e'paiffeur de dixhuit à vingt pieds 
au moins , afin qu'un coup de Canon 

ne 



Digitiz 



Gi 



42 Nouvelle Manière 

premier ne les perce point d’abord & ne fa ffe 
Dilcours. point d’ éclats, qui font leplusfouvent 
beaucoup plus de mal que le coup mê- 
me. V oila les avantages que l’on tt- 

re des parapets de terre. Mais fi Ton 
confiderc que cette grande épaii- 
feur occupe beaucoup de tcrreplein, 
' qu’elle recule la défenfe, qu’elle env 
pêche que Tonne puifie rien voir ni 
rien défendre de front dans le fofie , 
& que les Ennemis s’y logent facile- 
ment & y conduifent des tranchées 
par demi fappes à droite & à gauche 
de la brcche vers lesVetranehemens 
quand ik font logés fur le haut du 
baûion 5 li me femblc que fi l’on 
pouvoit donner la même feureté aux 
Soldats par des parapets de moindre 
épailfeur , on pourvoiroit à ces in- 
convenions. 

Or je dis , comme l’ai vû par ex- 
périence, qu’un parapet de maçon- 
nerie de briques ou de pierres de mé- 
diocre grofteur bienfait de bimraiïîs 
de fix pieds feulement d’épaiflèur , 

avec 



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de Fortifier les Places. 4.3 

avec trois pieds de terre battue de bien premier 
affermie par derrière, qui font neuf Difcours. 
pieds en tout , peut faire autant de 
refiftance qu’un parapet de terre feu- 
le de dixhuit pieds 5 Et qu’il n’y a 
rien à craindre pour les éclats à caufe 
des trois pieds de terre qui font par 
derrière. Outre que les coups qui don- 
nent dans le glacis du parapet, à moins 
qu’ils ne plongent de haut en bas , re- 
jalliffent tous , & font un bond par 
deffus. Je dis qu’il faut que la ma- 
çonnerie foit bi en rafïife , c’eff à dire 
qu’il eft neceffairc qu’elle ait eu le 
temps que tout le mortier du dedans 
fe foit parfaitement feiché & endur- 
ci j Car autrement celle qui n’a point 
fait toute fa prife , ne fait prcfquc 
point de reliftance. 

Ce fut dans la fuittedecesraifon- 
nemens que nous approuvâmes la 
proportion de Mr. de Pagan qvi veut 
dans fa Fortification que l’on donne , 
comme il dit , peu de largeur au ram- 
part des faces de. fes battions, de que 

l’on 



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44 Nouvelle Maniéré 

Brcaiier l’on y en falfe de fécondés en dedans 

L/iicours. parallèles aux premières , & fepa- 
rces d’elles par un folié ; * tant parce 
que la défenfc en eft ainfi multipliée 
par des retranchemens tous faits , que 
parce que l’on eft ainii plus proche 
pour aller au devant des mines & des 
fourneaux. 

je voulois ajouter que ce qu'il 
.y avoir de meilleur dans fa maniéré 
de fortifier étoit, à monfens, d’a- 
voir donné tant de grandeur à fes 
flancs , & d’avoir réduit tout fon feu 
à la défenfe droite 5 lors qu’un de ces 
Meilleurs me demanda en riant d’où 
me venoit cette avcrlion fl grande que 
j’avois conceue contre la defenfe obli- 
que 'i C’eft, lui dis-je, parce que je 
n’ai guere vu de gens qui fuflënt blef- 
fes de fes coups. Et fl vous voulez y 
penferferieulemcnt, & nous dire de 
bonne foy ce que vous en fçavez 5 je 
fuis fur qu’il n’y a pas un de vous, 
qui dans les Sièges où il s’eft trouvé, 
ait remarqué que la traverfe du folié 

ait 



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de Fortifier les Places. 45 
ait etc fort incommodée des coups ti- 
rés de la courtine & des féconds flancs 
principalement lors qu’on a eu le foin 
de faire fur la Contr’efearpe une bon- 
ne tranchée parallèle à la Place, *3c 
de la bien garnir de moufquetai- 
res. 

11 cft vrai, dirent-ils 5 mais cela 
vient de ce que le Soldat fe contente 
ordinairement de tirer fon coup au 
hazard fans prendre garde oü il vife , 
de peur d’être mouché entre deux pa- 
niers, s’il s’amufoit trop long temps 
à mirer. C’efl: bien là une des raifons , 
leur répliquai je , mais ce n’eft pas la 
feule; Il y en a une autre quiefl: biea 
plus forte, & dont perfonne jufqu’i- 
ci ne s’eft appcrceu ; ce qui fait que 
je m’en étonne. C’efl: que le Soldat, 
quelque affûté qu’il foit , ne fçauroit 
quand il le voudroit , rafer du flanc de 
la Courtine, la face du baftion qu’elle 
regarde, avec fon moufquet entre 
deux paniers ou entre deuxfacs à ter- 
re, pôles à la manière que l’on a accou- 



Tremicr 

Difccmrs. 



4 S Nouvelle Maniéré 

Premier tûmc de les afleoir fiir la crefte du pa- 

DiTc«orjs. r apct ; à moins que Ton ne voulut 
tenir les trous beaucoup plus larges 
que l’on ne les tient d’ordinaire ; cc 
que je ne voudrois pas confeiller. 
Vous n’aurez point de peine à com- 
prendre ce que je dis , il vous conü- 
derés que l’épaifieur ou la largeur du 
pied des paniers mis l’un prés de l’au- 
tre, ne laüfe point de paflage au mouf- 
quet , qu’autant qu’il en faut pour ti- 
rer devant foi , <5c quelque peu à droi- 
te & à gauche ; mais jamais tant , 
que l’obliquité de l’angle de la défen- 
fc le demande. ] e fçai bien qu’il y a 
des remèdes pour cela 5 mais comme 
ils ne font point encore dans l’ufagc 
ordinaire , vous me permetrés ce- 
pendant de ne pas avoir pour cette ef- 
pccc de flancs toute l’eflime que les 
Maîtres du metier ont témoigné4’en 
avoir par le palfé. 

]e finis ce long raifonnement , en 
leur montrant la médaille que j’av ois 
apportée depuis peu d’ Angleterre , 

dont 



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de Fortifier les Places. 47 

dont l'empreinte étoit une nouvelle Premier 
maniéré de F ortifkation : Nous n’en Dl ^ ours 
finies pas pourtant beaucoup de cas 
lors que nous l’eûmes examinée par 
ce que nous conûmes que ce n’c- 
toit qu’une pratique pins facile de la 
fécondé manière de Mr.dc Pagan.Ces- 
Meffteurs ne firent pas le même juge- 
ment de la nouvelle Fortification de 
Mayence, dont j’avois gardé le defièin 
pourrie dernier , & comme on dit 
pour la bonne bouclic. Ils tic pou- 
voient fc iaflér de l’admirer 5 Et s’ils 
avoient crû- qu’elle eût pû être em- 
ployée fur toutes fortes de Polygones, 
ils n’auroient pas balancé de la préfé- 
rer à toutes celles dont nous avons cû 
la conoifiancejufqu’à prefent. 

Ce fut alors qnejc 11e pûs nf empê- 
cher de leur dire que tout cela 11c me • 
fatisfaifoitpoint entièrement 5 & que 
fi je voulois donner i’efibr auxpea- 
fées qui me rouloicnt depuis long- 
temps dans l’cfprit fur cette matière, 
je leur dirais des cliofes dont ils fe- 

roient 



48 Nouvelle Manieaè 

Prémîct f oient fans doute furpris : Des cho- 
Difcours. f cs ? dis-je , fi extraordinaires , 6ç tel-i 
lement au dcfliis de ce qui s'en eft dit 
jufqu’à nous, que je n’ozois en parler 
de peur de palfcr pour Vifionaire. 

En effet, leur dis-je* Quel fenti- 
mentauriés vous d’un homme qui fe 
vanteroit d’avoir trouve le moyen de 
défendre le pafîikge de fon foffé avec 
cent à fix v ingts pièces de canon ôe 
deux mille moukgictaires dai& l'é- 
tendue de fcs flancs droits en certaines 
Places, 5c jamais avec moins -de tren- 
te pièces & de cinq cens moufque- 
t aires aux moindres, comme cille 
Quarré $ d’ôter aux Ennemis le mo- 
yen de battre les flancs ; 6c de don- 
ner aux Dehors plus de feu de défen- 
fc , que les meilleures de nos Forti- 
^fieations n’en ont jufqu’ici donné aux 
corps de leurs Places. 

Si un autre, dirent-ils, nouspar- 
loit de cette manière nous aurions 
peine à nous empêcher de le prendre 
pour un chimérique : Mais comme 

nous 



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de Fortifi e r les- Plac es. 49 

nous fournies dans un - autre fenti- Premier 
ment à vôtrci égard, nous voulons DlIcoUiî * 
feulement’ vous dire que nous avons 
beaucoup d’impatience que vous 
- nous parliés plus clairement. •> ' - v. 

Je fus donci obligé de leur, faire 
: un craionde ma periféc , & leur dire 
'en gros ôc confufemeiit ce que j’a- 
, vois inventé de plus particulier. Je 
11c parlerai point de l’étonnement 
ou ils fc trouvèrent d’abord; Je dois 
feulement dire f qu’aprés que j’cu 
pris un peu de temps pour y faire ré- 
flexion, iis ne me iaiffetent plus en 
repos que je n’euffe donné quclqu’or- 
dre aux chofcs dont je ne les a vois en- 
tretenu qu’en pailant & par lambeaux. 

Ils ne confidcrercnt point que j etois 
alors comme accablé d’autres affaires; 
qu’outre l’ouvragedes Portes que l’on 
vouloit conftruirc de neuf à Paris, 
dont j’avois faitdéja pluiïeurs deffeins 
félon la diverfité des Idées qui m’en 
venoient, Sc l’obligation neceflairc de 
me trouver deux joursdclafemaine 

C aux 



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*50.. Nouvelle Maniéré; 

Premier aux Aifcmblées de l'Academie Ro- 
Difcours. y a ic des Sciences 5 jII faloit prépa- 
rer ce que j’avois à dire à l’ouv.êrtu- 
rc de celle que le Roy avoit en ce 
temps-là établie pour l’Archite&u- 
re ï dont dL avoit eu la bonté de me 
donner la direction fous les ordres de 
Monfieur le Sur-Intendant General 
de fes bâtimens. Us me forcèrent, 
nonobftant tout cela , de mettre mes 
penfées nouvelles fur la Fortification 
. par écrit & en l’état que l’on verra en 
✓ fuitte de ce difeours , à qui je donnai 
le nom de Nouvelle Maniéré de Forti- 
fier 1 er Places. J’y joignis même les fi . 
gures que je crus être ncceflaires pour 
eu donner l'Intelligence, fans y par- 
ler d’autre chofe que de ce qui faifoit 
precifement à mon fujet. 

Cela fit ailes d’éclat; Et fuivant 
le fort ordinaire des nouveautés qui 
ont quelque chofe defurprenant, cel- 
Ic-cy trouva d’abord feS Envieux. 11 
y en eut qui dirent fans la connoitre, 
que ce n’étoit rien qui vaille 5 Que 

ces 



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deFortifier les Places. 51 

ccs fortes de Propofitionsfe faifoient 
tous les jours, & étoient tous les jours 
rebutées. D'autres difoicut que la 
dêpenfc en ferait fi excclfivc, que la 
richclfe d’un Etat ne pourrait fuffirc 
qu’avec peine à la Fortification d’une 
Place. D’autres contant les embra- 

fures de chaque flanc, dqmaudoicnt 
ou 1 on poLirroit trouver tant de Ca- 
nons pour garnir ccs Places, puif- 
qu’ü n’en faudrait pas moins de deux 
milles pour une de douze battions 
feulement j ne comprcnans point que 
les embrazurcs ne déterminent pas le 
nombre , mais bien l’endroit où l’on 
peut mettre du Canon fuivantlcbe- 
foin que 1 on en a , foit pour rompre 
le travail des Ennemis , ou pour fc 
rendre fuperieur aux batteries de fou 
attaque ; Ce qui ne fc fait pas fur tou- 
tes les laces des battions d’une Forte» 
relie tout à la fois. ‘ 

je ne rapporterai point diverfes au- 
tres extravagances qui furent avancées 
lui* le meme fti jet : mais je dois dire 
^ - que 



Premier 

Difcours. 



5 2 Nouvelle Maniéré 

l’ renier que fi cette maniéré eut fes Jaloux , 
l n cours. eüt aùili fes Parti fans 5c les Pro- 

tecteurs en a fies grand nombre 3 Et 
M rs - de l’Accademie Royalle-des 
Sciences en firent -une telle eftime 
qu’apréâ l’avoir approuvée , ils firent 
mettre dans leurs Regiftres le dif- 
cours & le defièin qué je leur en avois 
fait voir. D’ailleurs M r . le Comte 
Tedt Maréchal & Ambafiadcur de 
Suede, M r . le Marquis de S. Mau- 
rice Ambafladeur de Savoye , & plu- 
ficiirS' autres perfonnes de grande qua- 
lité , qui nous faifoient fouvent l’hon- 
- neur de fe trouver à nos Conférences, 
en parlèrent en tant de lieux & avec 
tant d’exageration , qu’ils firent ve- 
nir l’envie à pluficurs autres de s’en 
inftruire. 

Monfieur le Marquis de Louvois 
luy donna hautement fon approbati- 
on après qu’il m’eut fait l'honneur de 
m’entendre. SonAltcfie Sercnifiime 
Monfeigncur }c Prince voulut çn fea- 
voir jusqu’aux moindres particulari- 
tés, 



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be Fortifier les Places. 

tes , qu'il examina fur le dûconrs 6 c 
fur le delfein à la maniéré , ç’elt à dire 
dansla dernière exactitude.. Et l’on 
peut dire, que tout ce qu’il y peut a- 
voir de bien de de mal y fut foigrieufe- 
ment remarque 5 II me fit mille belles 
objections fur la largeur du folle, fur la- 
quantité de la terre qu’il y faut fouil- 
ler , fur la hauteur de celle des basi- 
ons , fur les parapets de maçonnerie r 
far le terrain que je laifie entre la Cu- 
nette de la C ontr’cfcarpe,fur les faillies 
braycs,fur les Contremincs que je fais 
dans l’épaifleur des contregardcs , 6 c 
fur mille autres chofes de cette nature. 

Il me lit voir un grand cfpace dans 
la campagne au delà de mon Efplana- 
de, d’où l’on pouvoir battre, mes 
grands flancs par le travers entre la 
Pemi-lune 6 c la Contregarde. Mais il 
approuva que je couvrifle ce paflàge 
avec des LuneteS de pareille maçon- 
nerie que celle des Contrcgardes j non 
pas me dit-il , que jecroye que ces Ou- 
vrages {oient de grande tUfenfc • mais 
f-' 3 ' ' feu- 



54 Nouvelle Maniéré 

Premier feulement parce qu ils notes couvrent tant 

Dilèours. qu'ils font à nous ; & qu ils ne peuvent 
Jêrvir de rien aux ennemis apres les avoir 
}ns. 

■ . II loiioit fur tout la facilité que 
cette pratique fournit aux faces des 
battions de fe voir , & de fe défen- 
dre Tune l’autre de revers & dans le 
dos des brèches. Il voyoit bien que 

tous les Ouvrages que l’on a accoutu- 
mé de faire au dehors & au dedans des 
Places fortifiées luivant les autres ma- 
niérés , p envoient autti fervir pour 
augmenter la défenfe de celle-ci. Il 
croit perfuade qu’elle pouvoit être 
facilement employée aux Places irré- 
gulières. Mais il fut extrêmement fur- 
pris lors que je lui fis voir fur le def- 
l'cin , la facilité incroyable que j’a- 
vois de réduire à ma maniéré toutes 
les Places fortifiées fuivant les diffe- 
rentes méthodes des autrcslngenieurs, 
poutveu feulement qu’elles euflent un 
fécond flanc; & cela fans rien changer 
auxfaccsdcs battions, ni aux foliés, 
ni meme aux Dehors, 11 



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de Fortifier les Places. 55 ^ 

Il demeura en fuitte quelque temps Premier, 
lîtns parler, ayant les yeux arrêtes fur Acquis.. 
mon defiein , puis il me fit l’honneur 
de me dite ces mots de la manière la . 
plus obligeante du inonde ; Voila , 
me dit- il, une Fortification tout a fait- 
nouvelle & extraordinaire , & ccft peui- 
«tre [hiout ce que l' Art y peut apporter de, 
meilleur : AJ au comme les bajhoiu ne fe 
défendent par tout (culs , il faut ici beau- 
coup d'hommes & beaucoup de Canons j J h 
y Jaut un Gouverneur & des Officiers en-, 
tendus , (A fur tout des AIqgaÿns 
imputables du toutes les chofesifmt 
on peut fe firvir dans un Siégé , fi ton 
veut profiter dés avantages de la djfi 
pofition & de la confirulhm des parties 
fortifiées. Ce qui fart que je rie, vou- 
drons pas confeiller que l'on fortifiât in* 
différemment toutes fortes de Places cri 
cette maniéré , parce quihy en a de tel - 
les qui par la foibleffe de leur dej en fe fe 
pourraient perdre ai fe ment > en donnant 
une trop grande facilité aux Ennemis de 
rompre lis flancs 9 a tau fi de leur ouver- 

C 4 tttre y 



$6' Nouvelle Maniéré ■ 

j^emicr turc , & qu'il ferait difficile de recouvrer 

Diicoars. dans la fuit te , après que les Ennemis au- 
r oient pourveu a tout ce qui leur auroit 
manqué. le voudrais feulement , dit-il y 
quelle fut employée fur certaines Places 
que l’on appelle des Clefs du Royaume , 
comme à ütmherque > dont on a , dit-il y 
envie de changer la fortification , * Brr- 
fnch i * Perpignan & * Pigneroi y qui 
font Places de grande étendue , & que 
i’ on peut pourvoir abondament de toutes 

chêfes. ' " ' ' 1 

» ]c m dois pas oublier de dire que 
s’êtant fait montrer fcn fuitte divers 
deitèms d'Arehitcaure .que j’avpès 
faits pair eonftmaion des Portes 
neuve? de la Villç de Paris r il en a- 
voit jufte\nent tnis à part les deux qui 
ont étedepaisexecutéi yàfaBOLaeS. 
Denis & à «celle devSv Sernard)| en 
quoy l’on a'readu i’ bonne vit quvêtoit 
duàfqnchoixv - ç/ o ' - " y" 

Il arriva quelque temps apres que 
fut les Lettres qùc le* Qomte Todt a- 
■ voit éCrite&à>fe$ amis &Stot k holfftau 
, ; i I* ^ fll- 



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deFortifier les Places. 57. 

fujet de ma Nouvelle maniéré > divcr- Premier • 
fes perfonnes de qualité' de ce païs-li , Wcpurs. 
de qui j’avois l’honneur d’être connu 
particulièrement , prirent occafion de 
parler fiavantageufement de moi au, 

Roy de Sucde , qu’il envoya aulîï-tot 
ordre à fon Ambafladeur de s’infor- 
mer fi le Roi voudrait bien permettre 
que je fàffe encore un voyage auprès 
de la Majclle Suedoife , pour y fervir 
en qualité de fon Précepteur princi- 
palement pour les Mathématiques. 

Le Comte Todt me fit l’honneur 
de me le dire , & d’en parler dans 
ce fens à Monlicur dcPompone , à 
Monfienr le Duc de Nôaiiics ôc à a 
plulieurs autres perfonnes de fa con- 
noifia'Kc. 

Mais fa Négociation fut interrom- 
pue ; parce que Monlicur le Duc de» 

N oa il les , ayant dans le même teniDS- 
tait voir au Roi quelques défîcins c!e 
îvn nouvelle Fortification qu’il avoir 
dits de moi, &z les ayant accompagnés- 
de les bons olîiccs , dont.il a toujours* 

G 5 etc 



$■8 Nouvelle Maniéré 

Premier été prodigué en m6n endroit, Sa Ma- 
d (cours. j c fl;e préoccupée d’ailleurs par la rela- 
tion de Monfcigneur le Prince , Et 
parce que Monlicur de Louvois lui en 
avoit dit, voulut que j’euffe l’honneur 
de l’en entretenir moi-même. 

l’avois heureufement fait préparer 
un afles grand modelé en bois bien 
travaillé d’une Tenaille fortifiée à ma 
maniéré, que je prefentai ù fa Maje- 
flé avec le livre que je m’étois don- 
né l’honneur de lui dedier. Il m’ac- 
corda une audiance la plus favora- 
ble que j’culfe pu fouhaiter , & j’eus 
le temps de lui tout dire & de m’ê- 
tendre fur le detail de mon dcfléin 
jufqu’aux moindres particularités : il 
• me propofa diverfes difficultés que 

je fus aifés heureux de lui refoudre 
d’une manière dont il parut fatisfait. 
En tui mot il y prit un h grand 
plaifir & témoigna tant d’eitime 
pour le prefent que je lu y faifois, 
que j’en .rclfcntis auflï - tôt un effet 
très confidcrablc. 



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DE PORTIFIER LES.PlACÏS. 5 9 
Il parla fort avantageufcmeqt de Prcm i cr 
mon ouvrage le foir d'^ memç jou r P%9 mi T - 
à ion petit couché , 6c dit enfuitc à 
Monfieur le Duc de Montauiîer 
qifil croyoit ne pouvoir mieux fai- 
re qjje de luy accorder ce qu’il iuy. 
avoir demandé tant de fois avec 
cmprcüemçnt , qui étoit de me 
mettre auprès de , Monfeigncur le 
Dauphin pour Maître de Matliema- 
tique. 

Jt cil jufte que je donne en ccr en- 
droit quelque marque de nia reco- 
noilîancc, pour les obligations ex- 
traordinaires que j’ay à Monfieur le 
Duc de Montauzicr : Car ce Seig- 
neur, ayant , concert quelque * eflime t 
pour moy ,n a n. jamais celle de s’ern-. : 
ployer avec chaleur en toutes oc- 
cafions. pour me faire plaiûr & par- 
tieuiicrcmènt en celle-ci , dont le 
fuççes luy a donne beaucoup de 

loyc. J: , . . s «\ r; \ * 

_ Au. relie, quoi que la grâce que 
le lloy me faifoit en me confiant 
■ C 6 ccr 



Premier 

Discours. 



66 ' Nouvelle Manière 



viii v **v*****»»^"-r : i 

croisement' notable par les paroles* 
qu’il me fit l’honncür de me dire lors 
que je fus pour le remercier, C’êtoir 
à fôn levé , gîr lùy ayant été prefeftté 
par Mpnfieur de Montaufier & lui 
faifant une profonde reve'rence, il me 
dit en prefence de mille perfonnes, 
quîl m avait' choifi pour enfeigner les 
Mathématiques k Jo?i fis .parce * qu'il 
êtoit pcïfuadé (pue fît ois y en cela y 

le plus habile homme de fdrî l{cyau - 

. - ' •• ■* , -no , î 

The. 

Il ne faut pas s’imaginer que je fois 
ailes impertinent pour tirer de la va- 
nité de ce difeours : La principale é- 
tudeque je fais depuis plufieurs ap- 
nées eft celle de me connoître moy- 
meme : Ainlî je ne donne pas dans la 
foibleffe'de la prefomption. Mais 
ailfîi ne fuis-je pas affés' imprudent 
pour cacher , fous prétexte d’une 
lotte' humilité , des paroles fi avan- 
wgcufcs , & qui peuvent fervir 

d’un 



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DE FeRTIf'lER LES PLACES. 6t 

d’urr témoignage irréprochable, que p rcm ;ct 
fzy èu au moins quelque part ca DifcoursJ, 
l’eftime du plus grand Roi du morv 
de. 

Je ne dois pas oublier , que m’a- 
yant commande peu de j ours apres , 
de lùy porter un crayon & du grand 
papier qu’il étendit luy-même fur le 
devant dn modelle; il pafla toute 
une foirée à y marquer la forme d’u- 
ne attaque qu’il àv'ofc meditéç pour 
s’approcher de nies battions. ' J’ad- 
mirai la conduite de fes tranchées, 
la fituation de fes épaulemens , & de 
fes Places d’armes , la difpofition de 
fes batteries : car en' vérité tout y 
êtoit tracé en Maître du métier. 

Et comme ilm’éût Ordonné de lui 
dire ce que je voudrons faire poiir 
m’y oppofer , fi j’avois à défendre 
la Place j il prit beaucoup de plai- 
fir à voir toutes* les differentes ef-^ 
pecés de coupures & de contf ap- 
prochés , que je liiy traçay pour 
aller au devant de fes travaux à la 

C p Cam- 



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éz nouvelle -Manikjrs 

Pscwicr Campagne, & pour enfiler fies tran- 

Oifeouxs. chees de toutes parts, ' . Surqupy 
Jdoaiieur qui ê toit prefent luy ayant 
dit que tout ce que je faifois n’ô- 
toit que chicane , il re'pondit que 
cela êtoit bien vray $ mais que cô- 
toient ces diiçanes qui confcr voient 
les Places & ruinoieut les années 
des AÛicgeanp.' . 11 parut avoir beau- 
coup de fatisfa&ion des Ouvrages 
q 4 p je traçai pour le recevoir à la 
Contr’efearpe , à la defeente du fol- 
ie, Iiir le bord de la Cunette,dans 
les Dehors , & en tous les autres 
endroits où il faloit qu’il ht ncccf- 
fairement palier fes approches. 

C’eft alors qu’il me dit, qu’ayant 
de hein de faire fortifier quelques 
unes, de fes meilleures . Places à cet- 
te manière, il ne toit pas jufte que 
les Etrangers en puflent profiter les 
prcnUçrs; Et qu’ainfi il êtoit d’avis 
que çê* Ouvrage demeurât, dans le 
fccrct fuis qu’il ai parut rien en 
Public au moins jufiqu'à ce qu’il en 



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de Fortifier les Places. 6s 

eut autrement ordonné. Le livre que Premier 
je compofai deux ans apres , & dont D ^ COHrs 
je prefentai le manuferit à fa Majefté, 
fous le titre de l'Art de jetter les Bom- 
bes , eut le même fort : Car apres 
avoir témoigné de la fatisfa&ion de 
mon travail , il me défendit de le fai- 
re imprimer, par ce qu’il ne voulut 
pas que les ennemis qu’il avoit alors, 
s’en pulfcnt fervir contre lui pendant 
la guerre. Aulfi ce n’a été feulement 
qu’aprés la conclullon de la Paix, que 
fa Majefté m’ayant fait l’honneur de 
me dire qu’Elle êtoit fatisfaite de la 
conduite que j’avois tenue auprès de 
Monfeigneur le Dauphin $ Elle me 
commanda de joindre ces deux Trai- 
tés à tous les autres que j’avois com- 
potes pour fon inftru&ion & de les 
donner au Public. 

V oid donc celui delà Nouvelle m*+ 
niere de Fortifier les Plates, qui y va pa- 
roître tout tel qu’il cil dans le ma- 
nuferit que j’ai prefcnté au Roy , à la 
refer vc de deux feuilles que j’y a y 

2) ou- 



Diq 



Pfcmier 

Difcours. 



$4 Nouvelle Maniéré 
ajoutées , dont la première cft mi 
deffein de la Ville de Maeftricht avec 
fesancienes Fortifications, fur les- 
quelles fa Majefté m’ordonna d’ap- 
pliquer la mienne peu de temps apres 
l’avoir prife. L’autre eft un deifeia. 
que mes amis ont voulu que j’yajoû- 
talfe , pour faire voir avec quelle fa- 
cilité je réduis à ma manière, toutes 
les Places déjà fortifiées , poiirveu 
qu’elles ayent du fécond flanc, fans 
y rien changer , ni aux faces des ba- 
ttions , ni aux fofles , ni même aux 
Dehors. 




N O U- 



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;• : Second Dis cour s. 

a E ROY a témoigné Second 
dans fon dernier vo- Dl CouJ 
yage deFlandres, qu’il 
prenoit beaucoup de 
plaiftr - à entendre 
raifonncr fur l’Art de 
Fortifier les Places ; Il faittravaillcr à 
toutes les Villes qu’il a conquifes de- 
puis peu,& en divers endroits du Ro- 
yaume; Plufiçursperfonnes ont pris * 



Second 
Di /cours. 



66 Nouvelle Maniéré 
la liberté de difeourir fur ces travaux : 
Ainfi j’ay crû qu’il ne me feroit point 
défendu d’en écrire mon fentiment, 
n’ayant pas eu l’honneur de le dire en 
prefence dë fa Majefté. 

Je ne fçay fi l’on approuvera les 
veuës nouvelles que je puis avoir fur 
ce fujet : mais peut-être devrois-je 
avoir quelque petite conoillance dans 
cet art, puifque j’ay étudié les forti- 
fications toute ma vie, que j’ay vû 
ce qu’il y a de Places fortifiées en tou- 
tes les parties du monde , & que j’en 
ay remarqué foigneufement la force 
& la fo'ibldlê. i * D’ailleurs j’ay fervi 
en plufieurs Sièges tant en attaquant 
qu’en défendant , en qualité d’ingc- 
nièur. . Et je fuis monté par tous les 
Degrés aux charges de la Guerre, où 
-j’ay connu la différence qu’il y a entre 
tirer des lignes fur le papier ou les tra- 
der fur la terre en prefence des Ennc- 
-mis, 

- En .toutes ces rencontres l’expe- 
ïiençe m’a fait voir que l’Art de la 

Guer- 



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de Fortifier les Places. 67 

Guerre n’a pas trouve tant de moyens second 
pour défendre les -Places que pour Difeows. 
les attaquer ; J’ai médité long-temps 
pour inventer quelque genre de For- 
tification qui ôtat aux Afiiegeans la 
force qu’ils tirent du nombre d’hom- 
mes & de Canons , & qui donnât aux 
Alïiegés un efpace à mettre plus 
d’ Artillerie & un avantage capable de 
fupléer au petit nombre d’hommes. 

Mais comme ce que j’ay imaginé 
là defl'us cfl nouveau, je ne doute 
pas qu’il ne m’attire d’abord la ccn- 
fure de pluüeurs perfonnes 5 Et il eft 
vrai aufli qu’il n’y a rien de plus dan- 
gereux que d’inventer quelque choie 
contraire à un ufage reccu : C’eft 
pourquoi je ne pretens pas donner ici 
mon avis comme une règle certaine , 
ce l'ont de lîmplcs penfées qui ne laif- 
fent pas d’avoir leur fondement , <5c 
qui peuvent être utiles 11 on les exa- 
mine fans prévention. 

Mais pour les rendre plus intelligi- 
bles il faut prendre la chofe de plus 

haut 



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6? Nouvelle Maniéré: 

second haut 6c remonter jufqu’aux premiers 
Jpi/coors. principes de l’Art. 

La première réglé des Fortifica- 
tions elt celle- cy, Toutes les parties de 
la Place doivent être flanquées. 

. La fécondé la ligne de de f en ce ne doit 
pas excéder la portée du Maufyuet. 

Et la troiliemc Toute la Fortifica- 
tion , & particulièrement celle des flânes , 
doit être affés forte pour rejijlcr au Canon 
des Ennemis. 

.. Ces trois Réglés ont fait naitre les 
trois principales maniérés de Forti- 
. fier , qne l’on appelle à l’Italienne , à 
la Françoife & à la Hollandoife- Les 
Italiens qui ont commencé à bâtir an 
temps que les brèches fe faifoient à, 
coups de Canon, ont voulu entr’au- 
tres chofes que la pointe de leurs ba- 
ttions contint necelîairement un an- 
gle droit, parce qu’ils ont crû que 
leur mafle refifteroit mieux à la force 
de l’Artillerie, & ils ont fait leurs 
demigorges &. leurs flancs de la fixié- 
me partie du coté intérieur de leur 

Poly- 



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be Fortifie r les Plages. 69 

Polygone & perpendiculaires à la second ' 
Courtine , pratiquant des Orillons 
Ôc des Places hautes & baffes pour la 
defenfe de leur foffé. 

* Les François , s’êtant apperceus 
que les flancs êtoient facilement rom- 
pus par les batteries que les Ennemis 
ont acoutumê déroger fur laContr’ef- 
carpc oppoféc , crurent première- 
ment les mieux couvrir en les con- 
tournant de travers aux Ennemis ôc 
les faifant perpendiculaires à la face 
dubaftion: Mais comme ils reconû- 
rent la foibleffc de la défenfe oblique, 

6c qu’il ne fuffifoitpas qu'un flanc fût 
couvert s’il ne decouvroit lui même 
ce que les Ennemis peuvent faire dans 
le foffê 5 ils changèrent auffi-tôt cet- 
te pratique ôc firent leurs flancs per- 
pendiculaires à la courtine ainfi que 
les Italiens, donnant à l’angle flanque 
les deux tiers de celui du Polygone. 

Les Hollandois ne fc font pas fou- 
cics que leur angle flanque fût aigu, 
.pourvoit qu’il 11e le fût en forte que la 

poin- 



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70 Nouvelle Maniéré 

Second pointe en pûtêtre trop ailemcnt rom- 

Pifcours. pue à coups de canon 5 Et ils le font 
ordinairement en ajoutant 1 5 . degrés 
à la moitié de l’angle du Polygone , & 
proportionant en fuite leur courtine, 
leur face & leur flanc, de manière 
que la courtine foit double de la face, 
éc celle-ci double de flanc. Ils s’atta- 
chent principalement à donner à leur 
face le plus de flanc en Courtine qu’il 
leur cft pofliblc, fans Orillons ni 
Places baflés , mais avec une faufle- 
braye. 

Cette manière de pratiquer des fé- 
conds flancs feroit bonne fi , outre 
l’mcomodité de la défenfe oblique, 
l’Angle rentrant de la Contr’cfcarpe 
n’ôtoit pas au flanc la veue de la face 
oppofée* lorsque les folles font de 
raifonnable largeur. Mais ce. de- 
faut cfl 11 ordinaire aux Places les plus 
confiderables qui font bâties fur cette 
maniéré, que je fuis furpris de la ré- 
putation qu’elle s’efl: aquife 5 puis 
qu’il femble que les flancs n’y foient 

faits 



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DEFORTIFIER LES PLACES.71 

faits pour aucun tifagc, & que les fa- 
ces ne doivent être défendues que 
d’un petit endroit de la Courtine. 

Quoy que ces manières ayent été 
produites & mifes en pratique par de 
grands hommes , 6c qu’elles ayent eu 
jufqu’ici l’approbation de ceux qui 
s’entendent a la défenfe des Places 5 
Neanmoins le peu de refiftance que 
les mieux fortiliécs ont faite dans les 
Guerres dernières, & particulière- 
ment au voyage que le Roy ht jil y a 
quelques années en Flandre, a fait 
croire que la fcicnce d’ Attaquer s’e- 
toit infiniment avancée au dellus de 
celle de Fortifier, 6c que fuppofant 
la vertu 6c rinduftric égale, 6c le rc- 
ftc proportioné entre les aflaillans 6c 
ceux qui défendent les Places, la con- 
dition de celui qui» afiiege eil beau- 
coup plus avantageufe que l’autre. 

M c . de Pagan, raifonnant fur ce 
même principe , avoit propol'é une 
manière de Fortification qui en effet 
vaut infiniment mieux que les ordi- 
naires. 



Second 

Difcouip, 



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72 Nouvelle Manière 

second naircs , faifaut fes flancs d’afleé; belle 

Diieo^rs. grandeur , perpendiculaires à la li- 
gne de défenfc & capables de trois 
batteries Tune fur l’autre. Et la médail- 
lé qui a paru il y a quelques années eu 
Angleterre ne contient qu'une prati- 
que aifée de-fa moyenne fortification- 

Mais il n’a pas , ce me femble , ti- 
ré toute la défenfe que la difpolition 
de la Figure peut donner 5 Et comme 
je fuis perfuadé que les Elaees ne fepet- 
dent que faute de flancs, foit qu’ils fo- 
yent rompus par les batteries des 
Contr’cfcarpes , foit qu’ils foyent 
trop petits d’eux mêmes, ou telle- 
ment embarafles qu’ils ne découvrent 
pas bien les faces des battions qui leur 
font oppofées. 

J’ay penfé à fournir une manière 
qui augmente extraordinairement la 
grandeur des flancs & des demi-gorges 
pour y faire plufleurs batteries , qui dé- 
couvre entièrement le fefié , qui ôte aux 
Ennemis le moyen de faire (es batteries 
fur la Çontr cfiarpe , qui dejende aufft 



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deFortifier les Places. 7 $ 

tentent les Dehors que les fojffés du corps de second 
la place , ôc qui naknge point la ligne de Dikouls - 
defenje. 

Pour cet effet j’ ôte. un angle droit 
de celui de la figure, ôc je prens le 
tiers du refte, que j’ajoute à 1 5. de- 
grés pour en faire mon ^ngle diminué, 
l'ur qui je tire les côtés de ma tenaille , 
dont je prens la moitié de part ôc d’au- 
tre pour les faces de mes battions ; 
puis ayant divifé le côté extérieur en 
dix parties égales, j’en prens fept que je 
rapporte fur les côtés de ma tenaille à 
commencer à l’angle du baftion , 
pour faire mes lignes de défenfe, dont 
je joints les extrémités par une droite 
qui fait ma courtine 5 ôc des mêmes 
extrémités vers celles des faces oppo- 
sées , je tire les lignes de mes lianes 5 
Et ma tenaille fc trouve par ce mo- 
yen fortifiée de deux faces , de deux 
flancs ôc d’une courtine. 

Par cette pratique l’angle flan- 
qué ou du baftion cft au Quatre 
de 60. degrés , de < 56 . au Pentago ic , 

. D de 



74 No u y eil e Maniéré 

&vond de 70. à l’Hexagone 5 Et ils’augmen.- 
Li teours. te petit à petit dans tous les autres Po- 
lygones jufqu’à la ligne droite , où il 
cftdeço. degrés. 

L’angle flanquant on de la Tenaille 
eft au Quarré de *50. deg. , de 1 3 3 . 
au Pentagone ., de .120. à F Hexago- 
ne 5 Et il diminué petite petit dans 
tous les autres Polygones jufqu’à la 
ligne droite, où il n’eft que de 90 . 
deg. 

L’Angle deminué eft au quarré de 
Ï5. deg. , de 2 1. au Pentagone, dç 
2 5 . à l’Hexagone $ Et jl s’augmente 
petit à petit dans tous lçs autres Poly- 
gones jufqu’à la Ligne droite , où il 
eft de 4 5. degrés, 

L’Angle du flanc fur la ligne de dé-* 
fenfeeftde 107. deg. 47. au Quarré* 
jde 100. deg. 41. au Pentagone, de 
97. deg. 48. à l’Hexagone 5 Et il di- 
minué petit à petit dans tous les autres 
Polygones jufqu’à la ligne droite , où 
.il n’eft que de 90. degrés. 

L’Angle du-flanç fur la courtine eft 

de 



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»e Fortifier les Places. 7$ 

de 122. dcg. 47, auQuarré, de 123. Second 
11. au Pentagone, de 123. 48. à Difcouœ,. 
l’Hexagone ; Et il s’augmente petità 
petit dans tous les autres Polygones 
jufqu’à (a ligne droite, où il cft de 
135. 4 cg. ... , •. 

Et par ce que je fuis perfuadé que la 
ligne de défenfe ne doit jamais 'être ' 
plus grande de 140. toiles * ni plus 
petite de 120., aux Places que l’on 
appelle Royales : J’ai pour ce fujet 
fait deux fuppofitioQS que j’appelle 
Deyx Manier et , dont la première qui 
dUa Grande fait fon coté extérieur de 
2 00. toifes dans tous les Polygones , 
qui donne partout 140. toiles pour la 
ligne de deljênfe. Et la fecoride ou la * 

Petite fait par tout le même coté ex- 
térieur de 1 70 toifes , qui donne peu. 
moins de 1 2 o. toifes pour la ligne de 
défenfe. Dans lefquels termes j’en- 
ferme tout ce qui fe peut fortifier , 
parce qu’une plus longue étendue de 
côté extérieur rend la défenfe inutile 
par le trop grand êlogaement des 
; D 2 flancs^ 



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76 Nouvelle Maniéré 4 

Second flancs ; Et une plus petite diminue la 
DU'cours. longcur des flancs & augmente inuti- 
lement le nombre des battions & la 
defpenfe. 

Dans la Grande maniéré , où la 
ligne de défenfc eft de 140. toifesôc 
le côte extérieur de 200. 

Le F lanc eft au Quarré de 2 7 ,toifes, 
de 36 [. au Pentagone , de 42 [. à 
l’Hexagone. Et il s’augmente pro- 
portionellement jufqu’à la ligne droi- 
te, où il eft de 70 J. 

La demi-gorge eft au Quarré de 
28 {. to , de 35 £. au Pentagone , 
de 3 9. à l’Hexagone 5 Et elle s’aug- 
mente proportionellcment jufqu’à la 
ligne droite , où elle eft de 1 00. toifes. 

La Face eft au Quarre de 5 1 *. to. 
de j 3 1 . au Pentagone, de 5 5. à l’Hexa- 
gone ; & elle s’augmente proportionn 
ciiement jufqu’à la ligne droite, oùelle 
eft de 70 [. 

La Courtine au Quarré eft de 70 J. 
to. de 60. au Pentagone, de 54. à 
l'Hexagone 5 Et elle diminué -petit 

à petit 



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de Fortifier les Places. 77 

à petit dans tous les autres Polygo- Second, 
nés , jufqu’à ce qu’elle devienne à rien D,lculil 
à la ligne droite. 

Dans la Petite manière où la ligne 
de défenfe n’eft que de 1 2 o. toiles & le 
coté extérieur de 170. ' , 

Le Flanc eft au Quarré de 2.3. to. 
de 31. au Pentagone, de 35. à l’ He- 
xagone j & il s’augmente petit à petit 
dans tous les autres Polygones jufqu’à 
la ligne droite , où il eft de 60. toiles. 

La Demi-gorge eft au Quarré de 
24 i. to. , de 29U0. au Pentagone, de 
3 2 . to, à l’ Hexagone 5 Et elle s’aug- 
mente petit à petit dans tous les autres 
Polygones jufqu’à la ligne droite , où 
elle eft de 8 5. toifes. 

La Face eft au Quarré de 44. to. 
de45.au Pentagone, de 47, à l’He- 
xagone , & elle s’augmente petit à pe- 
tit dans tous les autres* Tolygones 
jufqu’à la ligne droite , où elle eft de 
60 . toifes» 

La Courtine eft au Quarré de 60. 
to. , de 5 2. to. au Pentagone , de 4$. 

D 3 à 




. Second 
Diiccurs. 



78 Nouvelle Manîieré 
à l'Hexagone 5 Et elle diminue petit à 
petit dans tous les autres Polygones, 
ÿuiqu’àcc qu’elle devienne à rien à la 
ligne droite. 

Par où l’on peut premièrement 
conoitre que celte manière 11e s’éloig- 
ne pas beaucoup de la Hollandoifc 
pour T Angle flanque , qui eft le me- 
me en Tune & en l’autre au Quarré , <Sc 
qui ne différé aux autres figures , 
qu’ente que l’agrandiflcmentdecet 
Angle va un peu plus vite en la Hol- 
landoife où il eft droit au Dodécago- 
ne, qu’en celle-ci ou il n’eft que de 8 a 
deg, & ne devient droit qu’aurBafti- 
ons fur la ligne droite. Et ces diffé- 
rences font de fi petite confequence 
pout la force ou lafoibleffe dèfa poin- 
te du baftion, qu’il n’y a point de rai- 
fbn de s’y arrêter : Mais au contraire 
elles agrandiffent tellement les parties 
neceffaires à la Fortification , que 
nous avons eu jufte fujet de nous fer- 
vir plutôt de cette maniéré que d’au- 
cune autre. Car qui fé peut coiioîtrê 

v v* r«ar 



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r>E Fortifier lés Places. 79 

par la différence de Tes parties , qui cft second. • 
bien plus grande aux flancs & aux de- Difeeuîs. 
mi-gorges qui font celles qui augmen- 
tenr la dèfcnfe, qu’aux faces qui là 
diminuent 5 celle des flancs étant de 
42. toifes & demi entre le Quarré tk. 
la ligne droite en la grande manière, 

& de 3 7. toifes en la petite , celle des 
demi-gorges de 7 1 . toifes ô? demi en 
la grande , & de 6oi. en la petite. 
Comme au contraire la différence des 
faces 11’eft que de 1 9. toifes en la gran- 
de maniéré , Ôc de 1 6. toifes en la pe- 
tite, - • - 

Ce que l’on pourroit même oppo- 
fer,queces angles aigus de la pointe 
des Baflions en diminuent la capacité, 
n’eft pas confidçrable , puifque la dif- 
férence de la furface d’un Baftion à an- 
gle droit & d’un autre à angle de 60. 
deg. , les faces étant égalés en l’un 5 c 
l’autre , n’eft que d’un huitième , qui 
devient infenfible à 70. deg. Ôc au def- 
fus. 

Mes flancs ne font pas par toyt per- 
D 4 - pen- 



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8o Nouvelle Maniéré 

fécond pcndiculaires à la ligne de défenfc 

1 îicours. comme aux maniérés de M r . de Pa- 
gan j ils y font un angle un peu obtus 
fur les premiers Polygones , & la dif- 
férence de la perpendiculaire n’eft que 
de 17. deg. 47. au Quarre , de 10. deg. 
41. au Pentagone, de 7. 48. à l’He- 
xagone j Et qui devient infenfiblc au 
ddftis ; En forte que c’cfl fi peu de cho- 
ie , que cela ne donne aucune obliqui- 
té confiderablc à la de'fenfe. Cette dif- 
férence neanmoins augmente telle- 
ment mes demi-gorges , que je trouve 
place au Quarre' pouc trois batteries, 
où je n’eil pourrois faire à peine que 
deux fi l’angle êtoit toujours droit. 

J’cmploye ici toutes les raifons que 
M r . de Pagan rapporte, contre ceux 
qui craignant la trop grande expofi- 
tion des flancs aux batteries que les 
Ennemis mettent fur les Contr’efcar- 
pes s Avec cette différence nean- 
moins qu’il ne met pour le plus que 
douze ou treize pièces dans fes flancs 
pour oppofer à celles des Ennemis» 
. .. au 



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deFortifier les Places. 81 

au lieu qu’eu certaines Places je pour- second 
rois leur en oppofer dans les miens juf- Mours, 
qu’à cent ou lîx vint pièces & jamais 
moins de vint à vint-cinq aux plus pe- 
tites. 

Mes demi-gorges font aïïe sgrandes 
pour trois batteries l'une fur l'autre** 
une haute , une moyenne , & une baf- 
fe en tous les Polygones * Et même 
en l’Hexagone & audeflus, ilyaaf- 
fês de place pour y conftruire des Ca- 
valiers fur les alligncmen s des flancs, , 
fe fervant pour cet effet de la terre des 
fofles. 

Je ne prens que huit ou dix toifes 
dans le flanc à l’angle de l’Epaule pour 
mefervir d’une efpece d’Orillon, & 
j’employe tout le refle en flanc cou- 
vert pour des batteries ou à loger des 
Mouîquetairesj De forte que j’ay 1 8 à 
20 . toifes de flanc couvert au çjuarré 
pour chaque batterie , c’efl: à dire pour 
neuf ou dix pièces pour chacune 
pour trente ou trente deux pièces pour 
les trois 

D 5 Au 



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tz Nouvelle Maniéré 

Second Au Pentagone 1 6. toifes de longue 
Difcours. eur de flanc couvert , c’elt à dite 
pour treize ou quatorze pièces pour 
chaque batterie,& quarante a quaran- 
te cinq pièces pour les trois. 

A l’Hexagone 3 2 , oit 3 3. toifes de 
flanc couvert , c’clt à dire feize à dix- 
fept pièces pour chaque batterie , & 
quarante huit à cinquante pour les 
trois , & dix-huit pièces au Cavalier - y 
fait foixantc huit à feptante pièces 
pour la défenfc de chaque flanc. 

Etainfi des autres en augmentant 
/ufqu’à la ligne droite où fai 60. ou 61 
toiles de longueur de flanc couvert, 
qui ne peuvent donner place pour 
trente ou trente deux pièces dans cha- 
que batterie , & plus de quatre vingts 
dix pièces pour les trois, & jufqu’à 
cent ou fix vints pièces pour tout le 
flanc compris le Cavalier, 

Au Pentagone & au defius , je re- 
tire ma batterie balle de la largeur de 
5. ou 6. toifes en dedans de la demi- 
gorge, afin qu’ellefoit mieux cou- 

ver- 



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de Fortipier les Places* 8* 

verte de l’avance de l’Epaule qui lui second 
fert d’Orillon quarré. Et cette retrai- Dl^ ' cou,a, 
te me fert à alonger mes courtines aux 
Battions des Polygones de plufieurs 
côtés , «3c à en donner une à ceux qui 
font fur la ligne droite , au quels 
pour ce fu jet je voudrois retirer mes 
flancs en dedans de dix ou douze toi- 
fes de chaque côté , afin d’avoir qua- 
torze ou quinze toifes de courtine. 

Mes batteries internes s’ êlargiflént 
au dedans , parce qu’elles font conte- 
nues entre deux lignes , dont l’une 
cft celle de la défenfe prolongée, <5c 
l’autre vient en dedans de la pointe du 
Baftion oppofé & paflé par le coin de 
l’Orillon , qui par ce moyen me don- 
ne place pour cinq ou lix pièces , qui 
fc trouvent cachées fous l’épaule de 
l’Orillon , que les Italiens appellent 
T r ad/ tore , & qui ne peuvent-etre vc- 
üës de la Contr’efcarpc , quoi qu’el- 
les découvrent toute la face du Bafti- 
on oppofé & le dedans de la breche 
que l’on y peut faire. Il eft même ira- 

pofli- 



i Google 



I 



84 Nouvelle Maniéré 

Second pofîible de les démonter par les brico- 

pifomrs. i es à caufe de la longueur du flanc. 

Je donne au Plan des batteries du 
flanc depuis neuf jufqu’à douze pieds 
de hauteur l’un fur l’autre , c’eft à dire 
que le plan de la batterie balle ne fera 
au delfus du folle de moindre hauteur 
que de neuf pieds ni de plus grande 
que de douze ; la moyenne pas moins 
de dix huit pieds ni plus de vintqua- 
trej Et le haut du rampart du Ba- 
flion , qui efl: le même que le plan de 
la batterie haute , pas moins de vint- 
fept pieds ni plus de trcnte-llx. Le 
Cavalier doit être élevé fur le plan du 
Baftion à la même hauteur de neuf à 
douze pieds , non comprife celle de 
fou parapet. 

_ Mes parapets font de trois toifes de 
largeur , de neuf à dix pieds de hau- 
teur aux batteries-balles , defixàfept 
pieds adx moyennes, avec des Embra- 
îixres en l’une & en l’autre , & de trois 
pieds ôc demi aux hautes. La largeur 
. des plattes formes aux batteries mo- 
■ ... yennes 



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de Fortieier les Placîs. S 5 

yennes & baflfes n’eft que de quatre second 
à cinq toifes fans le parapet. Difcours. 

* La difpofition de mes Battions me 
donne encore cet avantage, que les fa- 
ces oppofées fe voyent Tune l’autre &- 
fe défendent de revers d’une defenfe 
fichante , & qui defeouvre le dos des 
brèches. 

Je faisane Demi-lune ou Contre- 
garde à la pointe de chaque Baftion 
& parallèle à fes faces, de maçonne- 
rie folide fans terrain & contreminée 
par tout, de trois toifes & demi ou 
quatre toifes de largeur au plus, 
c’eft à dire de fix ou huit pieds de pa- 
rapet & de douze ou quinze pieds de 
rampart. 

Cette Contregardc-me fert princi- 
palement à ofter à laContr’efcarpe la 
veuë des batteries du flanc oppole , de 
fon peu d’épelfeur doit encore empê- 
cher les Ennemis d’y mettre leur ca- 
non apres l’avoir forcée. Ce qui 
vaut beaucoup mieux que de faire 
une grande traverfe dans le folle en 

■'* CQnti- 




«6 N QU VE LLE'MAttI ERE 

Second continuai# la ligne capitale de chaque 

çùfcouis. Baftion, puifque ceci if empêche pas 
la liberté du foàe , fait l’effet de la tra- 
verfe pour la couverture des flancs,& 
fert de foi-même à fc défendre. 

Je mets une autre Demi-lune dans 
le milieu de la courtine qui couvre en- 
tièrement les Epaules ou Grillons des' 
Battions. Et pour en défendre le foffé 
je prens dans la face du Baftion l’ef- 
pacequile peut voir, dans lequel je 
fais une batterie baffe de cinq à Ex piè- 
ces , ôc une autre plus reculée en de- 
dans de la hauteur du parapet de la 
place. Le plan de la batterie baffe fera 
de niveau à celui de la moyenne du 
flanc, c’eft à dire de dix-huit àvint- 
quatre pieds de hauteur au deffus du 
fonds du folfé ; Et comme fon para- 
pet eft de fix ou fept pieds , la hauteur 
' eft en dehors de vint cinq à trente deux 
pieds j qui fuffit pour ôter la crainte 
que Ton peut avoir que la face du Ba- 
ftion ne fe trouve trop affoiblie en cet 
endroit, . t 



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deFortifier les Places, s 7 

Cette Demi-luneme fert encore à second 
défendre le foffë de la contregarde , Piicour% 
de jeprens dans fa face tout ce qui le 
peut découvrir, où je pratique deux 
batteries , l’une haute de l’autre baffe 
en la même maniéré qu’en celle des 
Basions. ]e ne donne de Terreplein 
.à cette Demi-lune qu’ autant qu’il lui 
en faut pour le recul des pièces des 
batteries , & je laiffe le relie du de- 
dans tout vuide pour faire plus atte- 
ntent des contremincs dans le rempart 
Ôc pour ôter aux Ennemis le moyen 
de s’y loger apres l’avoir forcée. 

, Dans les angles rentrans de la Con* 
tr’efearpe entre les Contregardcs & la 
Demi-lune , je place des Lunctes de 
grandeur raifonnable & de maflonne- 
rie folide & pareille à celle des mêmes 
Contregardcs. Ce que je fais pour 
empêcher que les flancs de mes batti- 
ons ne foient veus de travers d’aucun 
endroit de la Campagne. 

Et parce que c’ctt dans le foffé où fe 
doit faîte la plus grande défenfe, je 
. . ‘ la 



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ss Nouvelle Maniéré 

Second le fais ici de toute la largeur démon 

Dîfcours. flanc, afin d’y pouvoir loger les Con- 
tregardes & leur folle , proportio- 
nant la largeur de l’un & de l’autre en 
telle forte qu’il en refte fuffifament 
pour le grand folfé . Et pour faire qu’il 
puifle être veu de tout le flanc , je tire 
des lignes des Angles de l’Epaule à la 
pointe des Baftions oppoies , qui me 
déterminent les Angles rentrans de 
mes Demi-lunes , de maniéré qu’ils 
ne me donnent point d’empêchement 
àladéfcnfc. 

Je mets une Omette dans mon 
grand foiïe que je fais regner- tout 
al’cntour de la largeur de fept à huit 
toifes , êlognêe de cinq ou lix toifes 
de la Contr’efcarpc , pour ôter aux 
Ennemis la facilité delà remplir du 
trou de leur defeente dans le fofle ; 
laiflant le refte au pied du Baftion 
pour y pratiquer des retranchemens & 
des logemens & difputer le paflage 
aux Ennemis. Elle me fert encore à 
me garantir de i’infulte que l’on peut 
; • - crain- 



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deFortifier les Places. 89 

craindre du côté des flancs bas > qui second 
paroiflént d’un accès facile. Et pour Dlicourî * 
en être plus afliiré , il ne faut que con- 
tinuer le mur de l’enceinte de la place 
de l’epefleur de deux pieds par tout le 
flanc & de la hauteur du refle, & ce 
mur pourroit être abbatu dans le be- 
foin. 

]e ne voi rien qui m’empêche de 
faire encore une Cunctte plus étroite 
dans les folles des Dehors , s’ils ont 
dix ou douze toifes de largeur, 6c 
principalement aux endroits où l’on 
a pratique les batteries baffes dans les 
faces des Demi-lunes. Je mets des 
Coffres & de Caponnnicrcs dans tous 
les Angles faillans 5c rentrons des Cu- 
nettes pour en défendre les faces 6c 
pour le trouver plus prés aux paflages 
que les Ennemis pouroient tenter 
pardeffous tcWe. 

Je lailTe au delà de la Contr’efcar- 
pedes Dehors un Coridorde fcptà 
huit toifes de large couvert d’un para- 
pet avec lés banquettes 6c fou ciplana- 
E - - de 



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ço Nouvelle MamieI’e 

Second de luidorihant fi l’on Veut des 'faillies 
Difeours. C11 dehors aux Angles réntrànsde la 
Contr’efearpe , afin d'ècciipcr du ter- 
rain & pratiquer des Places d'armes 
ipàcicufcs. 

Aînfî je ne vois ‘point d’endroit 
dans liiâ Fort'fficat'iôn qui'nc fôit veu 
du moins de trois ou quatre autres j 
Ét je n’ây pôîrit de conoiflance que 
l’on ait julqti’icipropofé aucune Ma- 
ni ère , qui donne tarit de place au feu 
de la défenfe , & tant d’empêéhcment 
à celui des Aflaillàns. 

Qui cil à riionferis tout ce que l’on 
peut délirer d’uri bon Ingénieur 5 à 
quiiln’eft pas jufte d’imputer ce qui 
peut arriver de fâcheux pendant un 
Siégé , par l'ignorance ou la mort des 
Chefs, par le petit nombre ou la lâ- 
cheté" dés Soldats, parles Séditions, 
par le manquement Üe Vivres ou de 
munitions , & par les autres mal- 
heurs , qui forit ordinairement perdre 
les Places. 

Si l’on veut , pour fe défendre con- 
tre 



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de Fortifier les Places. 
tre les ufines & Içs fourneaux , 



9 . 1 . 

r Second 
1Ç Dil'c-jurs. 



fervir de ce que fyl r .. de Pagan propo- 
fe dans (es battions , qui çft de don- 
ner peu de largeur aux rampars des 
faces , & y en faire de fécondes en de- 
dans, feparecs des premières par un 
foffe j 1 1 n’en fera que mieux. 

Je pour-rois aufïi faire vpir que cet- 
te Fortification pe^t ctre infincrçicnt 
augmentée par la multiplication des 
Pçjaars , par plufieurs avantages 
qu’elle eft capable de recevoir par le 
dedans. Que dans les Places dont les 
gorgçs font tort ouvertes, l’on peut 
retrancher la longueur de leurs faces 
vers lps Epaules , & en étendre par ce 
nroïeu çonfiderabjement les flancs , 



qui fut la ligne droite ppurroientjfans 
rien altérer aux autres parties, s’a- 
grandir au point de contenir plus de 
deux cens pièces de Canon pour là dc- 
fenfe du folle qui leur pft pppofé. Que 
cette Fortification peut être aifpmcut 
appliquée fur tPUtPS fortes dp figures 



régulières ou irreguliergs. Que toutes 

E z " ja 



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92 Nouvelle Maniéré 

Second 1 es Places déjà fortifiées fui vant les au- 
Li icours. très manières, peuvent être tres-facile- * 
ment réduites à celle-ci , fans rien 
changer ni aux faces des Baftions , ni 
aux Dehors $ pourveu feulement 
qu’elles ayent du fécond flanc ou en 
Courtine. Et mille autres chofes de 
cette nature que je tais ; parce que je 
me fuis propofé dans ce Difcours » de 
donner l’explication de ma Maniéré , 
le plus Amplement & le plus fuccin- 
cement qu’il m’a été poffible. 

On ne manquera pas d’oppofer à 
cette invention beaucoup de difficul- 
tés , fur le fujetdc la dépenfe, fur le 
nombre cTArtillerie & de Canoniers, 
fur la grandeur du folle, fur la quan- 
ti té des terres qu’il faut foüiller , fur la 
différence qu’il y a entre cette Fortifi- 
cation & toutes celles qui font en ufa- 
ge j On m’obje&era qu’il faudroit rui- 
ner tous les travaux anciens , 6c beau- 
coup d’autres chofes de cette nature. ^ 
Mais mon deffein n’eft pas de com- 
battre icy toutes les Opinions contrai- 
res} 



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dpFortifier les Places. 93 
res j la Qucftipn eftde fçavoirfenle- 
ment il cetfc maniéré de Fortification 
feroit meilleure que les antres . Que fi 
quelqu'un dit que je ne Fai ppts inven- 
tée, il me fera plaifir de m’cn montrer 
quclqu 'exemple 5 la Nouvelle fortifi- 
er rion de Mrvence cft la ici} le qifi y 
ait quelque rapport, niais quand on 
l’aura bien cxaininee,on trouyera que 
ce font deux choies très differentes. 

Au relie j’ay joint à ce difeours 
quelques deffeins qui peuvent en faci- 
liter rintclfigence 5 dont le premier cft 
pour ea enfeigner la pratique fur tou- 
tes fortes d’ Angles de Polygones don- 
nes. U fécond, le trolzienie , le 
quatrième 6c le emqüiçine , contien- 
Jicnt partie de divers Polygones forti- 
fies par, cette metode. Le lixiémc cft 
le plan d’une Tenaille un peu grande 
oii toutes les parties de la Fortifica- 
tion font miles avec exactitude. Le 
Icpticmccft le meme plan relève avec 
les profils Le huitième cft une T ablc 
du calcul des Angles de pl.ul ieurs Po- 



Sccond 

Difeours. 



Second 

Pifeours. 



94 Nouvelle Maniep.e,&c. 
lygones fortifies fuivant cette maniè- 
re. Le neuvième eft une autre Table 
d u calcul des lignes des mêmes Poly- 
gones , fur les deux differentes mefu- 
res du côté extérieur , dont il eft par- 
lé dans le difeours. Le dixiéme eft 
pour faire voir la facilité qu’il y a de 
reduire à cette maniéré toutes les Pla- 
ces déjà fortifiées , pourveu qu’elles 
aient du fécond flanc , fans y rien 
changer, ni aux faces des battions, 
ni aux fofles, ni même aux De- 
hors. L’onzième eft le plan de la Vil- 
le de Dunquerque avec fes ancienes 
Fortifications, fur lequel j’en ay mis 
une autre fuivant cette metode , afin 
que par la comparaifon de l’une & de 
l’autre l’on puiffe mieux comprendre 
ce que celle-ci peut valoir. Et enfin le 
douzième eft le plan de la Ville de 
Maettricht avec fes anciennes Fortifi- 
cations , fur lefquelles Sa Majefté me 
fit l’honneur de m’ordoncr d’appli- 
quer la mienne peu de temps apres 
l’avoir prifc. 

F I K 

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J- (Lq. j/f. . 



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tùjne droite 



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l'Sjraule 


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Flanc 


. G.F.B 


. G. DF 


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: xoy. j,j 


: fix.xj. 


XX 0. 


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jJ- XJ. 


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JJ- fi- 


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XX- 


78. x 


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?. — 


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2 0. 3 . 


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28 . XJ. 


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X O. 


1 x 8 - 28 - 


j J. z 8. 


xf. jx't 


70. 


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XXJ. 2. 


JJ- x' 


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38. /[ 


_ XJ- X O- 
e 


xxg- 3 ô. 


93 - j 


2 fi- 5 


33 . x8\ 


J û> 

- 


XXJ. J S. 


,\ 

9 J- 50. 


xj. xc. 




jj. - . 

z 


XJ O. XX. 


JX. fil 


XX. XJ. 


03. fi j. J 


ifi. 3 . 


*3 O. xj. 


X 

<72. j 8 . L 


IX. j 3 . 


62. j8. j 


y. ZrO, 


tjo.jz. 


92- XX. 


XO. J 8. 


Jx. fi g. 


*2- j 8- j 


'3 e . fi fi. 


92- 8. 


1 0. JC. 


do. fit. 


XX- 


tjo. JX. 


9X. j x. 


io- 8. 


3 c * 


c. 

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XJ 5 - 


'* .. 


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• A K 





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PRATIQUE 

DE LA 

CONSTRUCTION 



BE LA 

FORTIFICATION 
N O U V E L C e. 



* • 

S Oit a fortifier Partie Qj&PB dent les cotez. 
& A 3 font égaux. 

Du Centre A de quelque intervalle que 
ce fait comme A R , fait décrit le Cercle R z Z 
coupant Ut côtés en R & Z ; dans lequel du point 
R fait mfcrite la droite R z égale au rayon *LA R y 
afin que Parc R z. fait de 60. deg. ; a la moitié 
duquel f oit fait égal Parc 2, 4. qui fera par ce mo- 
yen de go. deg . , & Parc entier R 4. de 90. Et 
divifant tare 2,4. en deux egalement au peint 
g. , Parc g . , 4. fera de 1 q. deg. Enfuitte Parc 
j.. Z ( qui e(l U refie de P angle propofé dont on a 
oté un an fie droit ) f oit partagé en trois egalement 
aux points q.S$6: Et prenant Parc g, 5. ( qui 

efi 



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eftfaitdcRarc^Cp.deiyJeg., 0 de Rare 4 , 
5 . efi le tien de ïarç 4 . j rapport e's-le des 

points R0Zfur la Circonférence du fer cle aux 
points T0 y., 0 des points P0 O aux points 
V0S enforte que chacun des arcs RT : Z,y.\ 
P V\ OS [oit e\4 à Rare 3 , f. Enfin par les 
points T0 y. du point <sA 0par V 0 S, des 
points Q0 B’, il faut mener les droites AT X , 
fly L,Ay.K,BSL’, qui fe coupant refpc- 
dwernent aux point s%. 0 G ? feront les Tenail- 
les Q,*AGB , dont chacun des cotes A 
? , j? 8 . *AG , B G doit être coupé en deux 
egalement aux points JV,T,Ç,P, qui termine- 
ront la longueur des faces des Bafiions <*A N y 
OT, AC, BD, Apres quoy il ne faut que 
divi er R un des cotes de R angle comme A Q tro 
dix parties égales , 0 en prendre fept comme au 
point Q en R, qtîil faut rapporter fur les cotes 
prolongez* de la Tenaille comme de Çf en l\ de A 
en M0 F-, 0 de B en E\ pour avoir U lon- 
gueur des lignes. de défi en fl scA M., AF, Qj, 
BE\ Et jo. ndreenfin.les points 1 M , F E 0 
JN, MT j FC, FD j pour avoir par ce 
moyen les droites 1 M, F E pour les Courtines’, 
les droites! N, MT, EC, ED poteries flânes j 
0 les droites AC, A El, QJT TB D pour les- 
faces des Bafiions. 

le refie efi explique dans le difeours.. 



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S 8 

MANIERE 

D’ APPLIQUER 

LA NOUVELLE 

E ORTIFIC ATION 

AUX 

PLACES, 

Qui ont du fécond flanc, fins rien chan- 
gerni aux faces des Battions , ni aux 
fofles, ni aux Dehors. 

O if une tenaille fortifiée à la Holla'doife 
dont les faces des Baflions font ^A C : 
B D ; les flancs CFiDEyCTla Cour- 
tine F E-, la Contr'efcarpe N O P CT la 
Demi-lune KL O M : où le point O 
qui fait l'angle rentrant de la Contr'efcarpe , ôte au flanc 
droit laveuedela facedu baflionqu'il doit défendre > 
fuivant la façon de fortifier la plus ordinaire CT la plus 
mauvaife. Pour la réduire a la maniéré nouvelle , il 
n'y a qu'a continuer les lignes des faces des Baflions au 
delà de L’angle flanquant G > comme zA C / CT B D H -, 
puis du point « A fur B H, CT du point B fur <tA I > me- 
ner les perpendiculaires C H : DI qui feront les flancs , 
CT H I la Courtine de la fortification nouvelle > laquel- 
le n a rien changé ni aux faces ni au foffé , n'y aux De- 
hors. Les lignes de points marquent ledetaildes parties 
tant pour les batteries des flancs, des Baflions CT des 
demi-lunes , que pour les Contregar des CT les Lunettes. 




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, ^ -Aff io . c>l . 

^ * ces <j ut oui lu &canl 

j lanc <S<z4 ashanz ni avx.losge'z^ 

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